[Feuilleton] "Vrac conversations" de Claude Favre, 11/15

Par Florence Trocmé


& ayant perdu raison tout m'est permis 
 
 
_Tendu Pouchkine inquiète presque comme un réfugié métis à mettre au jour quoi en quelques pages que l'on comprend mais quoi pour tendues comme et aucune dispersion l'écriture au rasoir sans répit Pouchkine sauf que le souci du cheval/toujours cavalier/et pas encore croque-mort Pouchkine provoque la mètis mourra par duel  
 
 
_Dante hante Mandelstam et la panthère éreinte Ossip on peut dire comme ça n'est-ce pas on peut dire comme ça Ossia pour Nadejda qui tout cœur corps et âme O.M. olympique Mandelstam oh les grands jours oh les beaux Mandelstam qui tantinet oriental nargue les dieux petits esprits boudinés Mandelstam courageux qui fragile et souffrant prit risques comme on prend langue et pire 
 
 
_C'est que Don Quichotte voyage en compagnie du monde qu'il écrit comme il lit puisque être c'est avoir été avoir eu au moins un nom déjà écrit tout comme son roussin vaillant cheval à galops et ondes de choc fut avant ante machine de guerre Rossinante harnaché d'un homme harnaché de nerfs chimériques machine hantée de mots d'assaut contre la frontière du monde est à la lettre si l'on peut dire mais les dés sont pipés n'est-ce pas Franz tant pis 
 
 
_Orphée en guerre il provoque toujours il part il est celui qui arrive encore aujourd'hui encore il submerge il émeut sinon les dictateurs opiniâtre optimiste qui est la valeur de la résistance Orphée chu debout spirituel c'est dire Mandelstam Orphée dépecé 
 
 
_Mandelstam prend armes ça s'appelle langage contre les clans et les pachas ce n'est pas parler qui exile mais ce qui se dit ce sera rompre les nœuds des leurres ce sera poème quitte à se faire tuer Mandelstam c'est un homme comme ça n'est-ce pas Akhmatova il n'y a pas de vocatif à la parole la parole est là a lieu 
 
 
_L'oreille aux frontières dressée 
 
 
_Montagnes russes des lectures adolescentes le chaos vaincu c'est indécent dit Dostoïevski et Eschyle dit tout ce qui s'est dit par langues d'emprunt les Perses nous rejouent l'Iliade les voyages rendent monstres et ça dure ne pas se leurrer à lire à lire tout perdre à dettes perdre mieux tant mieux 
  
 
_Je lis est un verbe porte-sabre à travers la steppe les appartements miteux de Pétersbourg sautant la Neva descendant le Don ça bataille clans et familles Un bled de puces, chut ! et messes basses les vanités sont filiations ça guerre ferme à n'y pas tout comprendre orphelin et questions pour mieux y revenir la lecture est un duel où perdre rend l'adhésion au monde possible 
 
 

 
 
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