Je ne pourrai pas me livrer à une étude comparative précise, mais l’univers et l’ambiance de la BD me semblent assez proches de ceux du roman.
Alexeï Ivanovitch tombe amoureux de Polina Alexandrovna, et cet amour va le faire basculer dans une spirale infernale. Il accepte de jouer à la roulette pour elle mais très vite il est possédé par le démon du jeu et cette passion (au sens étymologique du terme) va gouverner sa vie et prendre le pas sur son amour.
La bande dessinée met aussi en lumière toute la complexité des personnages et essaie de traduire “l’âme russe”, le goût des contradictions par exemple…En ce sens, la pensée de Dostoïevski est bien retranscrite. La vie se résume en des “pertes et gains rapides”, et est à chaque fois remise en jeu sur le tapis vert. Les personnages deviennent prisonniers de ce qui au départ leur apportait un frisson de plaisir et le goût du risque, le besoin de gagner se fait chaque jour plus fort. L’homme est perdu, mais sa perte est paradoxalement sa raison d’être.
J’ai trouvé le graphisme particulièrement intéressant, spécialement pour le personnage principal. Les couleurs servent parfaitement le texte.
Que l’on entre par cette BD dans l’oeuvre de Dostoïevski ou qu’on la lise en “complément” du roman, après tout, qu’importe, car l’album me trahit en rien l’esprit du texte…
Miquel & Godart, Le Joueur, éditions Noctambule, 17,95 euros