Loi Leonetti : cache-sexe contre l'euthanasie ?

Publié le 21 mars 2008 par Dominik89

Chantal Sébire a quitté son univers de souffrance intolérable. Toutes mes pensées l'accompagnent. Pourtant, je viens d'apprendre qu'une autopsie avait été ordonnée par le parquet de Dijon afin de déterminer les causes de sa mort. Dans son état, il est évident qu'elle ne pouvait se suicider seule. Vous avez déjà imaginer comment se suicider lorsqu'on est aveugle et qu'on a du mal à se déplacer ? C'était une petite mise au point à destination de tous ceux qui disaient : "Elle n'a qu'à se suicider !".

Alors, aujourd'hui, les politiques de droite sont tous à l'unisson pour nous dire qu'il est urgent d'attendre et qu'il ne faut pas légiférer dans l'urgence de l'émotion. Je suis d'accord sur le fonds, mais n'était-ce pas les mêmes qui ne cessent de le faire quand il s'agit d'insécurité, de tests ADN, de peines planchers et j'en passe ?

On nous parle maintenant d'évaluer la fameuse loi Leonetti qui a apporté une petite amélioration sur la fin de vie. Encore faut-il qu'elle soit appliquée cette loi Leonetti. L'année dernière, j'ai vécu une expérience montrant qu'on en est loin. Un membre de ma famille (par alliance) était en phase terminale d'un cancer. Il est hospitalisé et son état empire car il attrape un virus à cause d'une sonde infectée (maladie neusocomiale, un autre sujet). Sa santé se dégrade à tel point qu'il ne peut plus parler. On le transfère d'urgence aux soins intensifs de l'hôpital avec assistance respiratoire. Bien que très faible, il enlève son masque à oxygène, montrant par là sa volonté d'en finir. Tout cela n'empêchera pas les médecins de s'acharner sur son cas durant plusieurs jours alors qu'il était condamné de façon irréversible et qu'il avait manifesté sa volonté de mourir. Où est la loi Leonetti ?

Là encore, de belles paroles, mais nous sommes très inégaux devant la mort. Et puis, certains nous disent qu'ils ne faut pas légiférer pour quelques cas par an ! N'est-ce pas exactement ce qu'on fait quand on pond une loi sur les piscines alors qu'il n'y a que 6 morts par an ? Les cas d'euthanasies clandestines seraient chiffrées entre dix et quinze mille par an en France. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de notre pays avant la légalisation de l'avortement.

Certains ont peur des dérapages en cas de légalisation, mais en Belgique, par exemple, c'est très encadré. Il faut que le malade soit incurable et qu'il ait manifesté à plusieurs reprises sa volonté de mourir. 50 % des demandeurs renoncent avant la fin de la procédure d'ailleurs. Qui a entendu parlé d'un scandale de l'euthanasie en Belgique ? Par contre, en France, on a eu plusieurs cas de fausses euthanasie pratiquées par des infirmières.

Alors oui, . Elle est criminelle, au même titre que l'avortement quand il était illégal.

Dominik

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Tags : Loi Leonetti, euthanasie, Chantal Sébire, Christine Boutine (pas nue, faut pas déconner), Belgique,  loi, avortement, suicide