(Lettre à l'étoile) Tu es de celles qui saventLire par dessus l'épauleJe n'ai même pas besoinPour toi, de chercher mes mots,Depuis longtemps ils attendent,A l'ombre de mon silenceDerrière les lèvres closesEt les distances morosesA force d'être si grandes.Mais, vois, rien ne les dénonce,Nous ne sommes séparésPar fleuves ni par montagnes,Ni par un bout de campagne,Ni par un seul grain de blé. Rien n'arrète mon regardQui te trouve dans ton gîtePlus vite que la lumièreNe descend du haut du cielEt tu peux me reconnaitreA la luisante penséeQui parmi tant d'autres hommesElève à toi toute droiteSa perpicace fumée. Mais c'est le jour que je t'aimeQuand tu doutes de ta vieEt que tu te réfugiesAux profondeurs de moi-mêmeComme dans une autre nuitMoins froide, moins inhumaine. Ah sans doute me trompé-jeEt vois-je mal ce qui est.Tu n'auras jamais douté,Toi si fixe et résistanteEt brillante de durée,Sans nul besoin de refugeLorsque le voile du jourA mon regard t'a célée,Toi, si hautaine et distraite,Dès que le jour est tombéEt moi qui viens et qui vaisD'une allure passagèreSur des jambes inquiètes,Tous les deux faits d'une étoffeCruelllement différenteQui me fait baisser la têteEt m'enferme dans ma chambre. Mais tu as tort de sourireCar je n'en ai nulle envie,Tu devrais pourtant comprendrePuisque tu es mon amie. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle