Je commente, aujourd’hui, la deuxième et dernière série de vins dégustés à l’aveugle. Les notes données par les participants sont essentiellement des notes « plaisir », même si elles sont en rapport avec les qualités organoleptiques et structurelles des vins, il faut reconnaître que les vins, qui commencent à entrer dans une phase de fermeture aromatique sont moins favorisés.
Un participant a apporté un château Julia, en appellation Pauillac, une petite propriété (superficie de moins d’un hectare), travaillée avec soin par Sophie Martin, depuis le millésime 2009, encépagée avec 90% de Merlot, et 10% de Cabernet sauvignon. Ce vin s’est comporté brillamment, certainement grâce à la sensualité qu’offre le grand pourcentage de Merlot, dans ce millésime. Le lendemain, une nouvelle dégustation de ce cru laissait apparaître une structure, moins dense et moins serrée que les autres meilleurs vins de la dégustation, ce qui montre que la dégustation, à l’aveugle n’est qu’une photographie à un instant t, et que les conditions d’aération ( durée de mise en carafe, température de service, etc) ont un rôle prépondérant dans l’appréciation des vins.
Pessac Léognan : Seguin
Le nez, élégant et bien ouvert, évoque les petites baies noires, les fines épices, agrémentés de notes florales et d’élevage en retrait. L’attaque est veloutée, avec une texture tannique fine qui se trame en offrant un corps fusiforme plein, rehaussé de fruits mûrs et avenants. La finale est élégante, avec une chair délicate, fraîche, très persistante, fruitée, épicées, avec des notes de réglisse et d’élevage (qui se fondra). Noté 17, moyenne : 16,5
Pessac Léognan : De Fieuzal
L’olfaction est nette et assez intense, avec des arômes de merrain neuf qui s’estompent à l’aération et font place à des parfums de cassis, et de mûres, avec des notes épicées et florales. La bouche est longiligne, avec des tannins fins et mûrs, bien enrobés par une chair délicate, le centre est construit avec une bonne densité. La finale est étirée, persistante, très veloutée, avec des fruits expressifs finement épicés, et des notes de légère amertume en ultime sensation. Noté 16,5, moyenne : 15,5
Margaux : Malescot Saint Exupéry
Le nez, pur et intense, évoque la violette, la soupe de petites baies noires (cassis, mûres, et cerises), la boite à épices, et de chêne neuf. La bouche est soyeuse, avec des tannins mûrs, finement texturés, tramés serrés, dans une construction allongée et dense agrémentée de fruits purs et intenses. La finale est longue, pulpeuse, bien équilibrée, intense et savoureuse (fruits, fleurs, épices), avec des notes d’élevage. Noté 18,5, moyenne : 18
Pessac Léognan : Domaine de Chevalier
L’olfaction, est nette et expressive (en deuxième dégustation en fin de série), avec des arômes de cassis pur, de mûres, de violettes, d’épices orientales, et de légères notes d’élevage. La bouche est soyeuse, avec des tannins fins et racés, habillés par un chair serrée, le vin se développe, avec un corps très plein, ample, souligné par des fruits purs et gourmands. La finale est longue, pulpeuse, soutenue, pure, fraîche, mise en valeur par des fruits intenses, finement épicés et réglissés. Noté 18, moyenne : 17,5
Saint Julien : Julia
Le nez est intense et séduisant, avec des arômes de cerise burlat, de cassis, d’épices variées et des notes de zan. La bouche est soyeuse, les tannins sont très fins enrobés par une chair voluptueuse, le milieu de bouche est sphérique, ample, avec un bon volume, mis en exergue par des fruits intenses. La finale est très persistante, d’une bonne fraîcheur, sensuelle, soulignée par des saveurs gourmandes (fruits, épices, et notes florales). Noté 17,5, moyenne : 16,9
Pauillac : Pontet Canet
L’olfaction, nette et un peu retenue, évoque le cassis et les myrtilles écrasés, nuancés d’épices douces et d’arômes d’élevage qualitatif. La bouche est veloutée, en attaque, les tannins très serrés sont bien habillés par une chair bien formée, le milieu de bouche est puissant, solidement construit, volumineux et ample, tout en conservant une texture fine, les fruits sont purs et assez expressifs. La finale est longue, fraîche, pleine, dense avec des saveurs plus intenses que celles perçues en attaque et en milieu de bouche. Noté : 17,5, moyenne : 16,9. Redégusté 24 heures plus tard, le vin offre une texture et une structure encore plus raffinées, et davantage de chair, même si son expression aromatique est encore assez retenue. A attendre avec sérénité.