Mise à contribution pour aider ses partenaires européens à la peine, l’Allemagne va devoir s’endetter un peu plus que prévu dans les mois à venir et ce alors que ses coûts d’emprunt amorcent une petite remontée.
L’Agence financière, gestionnaire de la dette allemande, a annoncé mardi qu’elle lèverait trois milliards d’euros de plus que prévu au troisième trimestre, soit un total de 71 milliards.
Berlin doit combler par de nouveaux emprunts le trou creusé par les aides consenties aux autres membres de la zone euro.
L’entrée en vigueur anticipée d’un an du mécanisme européen de sauvetage MES va se traduire pour la première économie européenne par une contribution de 8,7 milliards d’euros le mois prochain, et l’a conduite à revoir son estimation de déficit budgétaire, à 32,1 milliards d’euros contre 26,1 milliards initialement prévus.
“Grâce à un rehaussement modeste des volumes (d’émission de dette), (l’Allemagne) apporte une contribution importante à la stabilisation de l’euro”, se félicite le président de l’Agence, Karl-Heinz Daube, dans un entretien à l’AFP.
Et pour l’Allemagne, s’endetter sur le marché n’est de toute façon pas un problème.
Les titres allemands font figure depuis des mois de havre de sécurité, alors que le reste de la zone euro s’embrase. L’Allemagne est l’un des quatre pays de l’union monétaire à bénéficier encore de la précieuse note “triple A”, et la robustesse de son économie est pour les investisseurs un gage de confiance.
Conséquence: les taux de la dette allemande affichent des plus bas records, sur le marché primaire comme sur le marché secondaire, où s’échangent les titres déjà émis. Le Bund à dix ans, titre de référence du marché obligataire, affichait mardi un rendement de 1,525%, comparé à 6,671% pour son pendant espagnol et 2,604% pour les titres français de même échéance.
“Les taux ont évolué ces derniers trimestres à des niveaux historiquement bas sur toutes les maturités”, confirme M. Daube, évoquant “une véritable fuite” des investisseurs vers les titres émis par son institution.
Mais ce qui fait les affaires de l’Allemagne, l’an dernier le pays a économisé 2,5 milliards d’euros en service de la dette, n’est d’une part pas du goût de tous les investisseurs, et d’autre part pas forcément appelé à durer.
Le faible rendement des titres allemands en fait un placement peu attractif pour les acteurs qui doivent assurer pour leurs clients la performance de leur portefeuille.
Mais surtout ces derniers temps, alors qu’elle est sollicitée de toute part, des craintes sont apparues sur la capacité de l’Allemagne à supporter le poids du sauvetage de ses partenaires, dont un cinquième, Chypre, vient de demander de l’aide.
Le français Carmignac Gestion, l’une des sociétés d’investissement indépendante les plus importantes d’Europe avec près de 50 milliards d’euros d’actifs gérés, a annoncé la semaine dernière qu’il s’était totalement désengagé des Bunds allemands, jugeant que ceux-ci pourraient perdre leur statut de valeur refuge.
“Les taux ont évolué ces derniers trimestres à des niveaux historiquement bas sur toutes les maturités”, confirme M. Daube, évoquant “une véritable fuite” des investisseurs vers les titres émis par son institution.
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