1/ Se regarder en chiens de faïence
Se regarder avec hostilité, se dévisager avec méfiance.
La faïence est une des plus ancienne techniques pour recouvrir les poteries. C’est une céramique faite à base d’argile et d’étain. Ce mot, qui date du XVIe siècle, vient de Faenza, ville d’Italie à partir de laquelle la faïence s’est répandue en France. À une époque où les gens se chauffaient encore au bois, il était d’usage d’orner la cheminée de babioles décoratives diverses. Parmi ces décorations, on trouvait régulièrement des paires de chiens en faïence qui, posés l’un en face de l’autre, semblaient se regarder fixement (et pour cause !) avec animosité. On comprend donc aisément la naissance d’une telle expression qui date de la fin du XVIIe siècle.
2/ Etre comme le chien du jardinier
D’après un vieux conte, un jardinier avait dressé un chien à garder ses choux. Le jardinier mourut, et le chien, fidèle à sa consigne, ne voulait laisser prendre les choux par personne. Ce qui frappait le plus nos pères dans ce conte, c’est que le chien ne pouvait cependant manger les choux. D’après une autre version, le jardinier avait dressé le chien à garder un coffre d’avoine, et, le jardinier étant mort, le chien s’obstinait à ne pas laisser le cheval approcher du coffre.
Quoi qu’il en soit, on compare au chien du jardinier une personne qui ne veut ni faire ni laisser faire, un avare qui ne veut ni dépenser ni laisser dépenser, un égoïste qui ne veut pas céder aux autres ce dont il ne peut jouir. « Mais, madame, s’il vous aimait vous n’en voudriez point, et cependant vous ne voulez point qu’il soit à une autre. C’est faire justement comme le chien du jardinier. » (Molière)
3/ Avoir du chien
Pour une femme, avoir un charme un peu canaille, avoir du sex-appeal.
Lorsque la vieille grincheuse et vulgaire du XIIIe étage fait faire ses besoins à son chihuaha dans le bac à sable où jouent les enfants de la copropriété, on dit qu’elle a un chien ou que c’est une méprisable chienne, mais pas qu’elle a du chien.
Que faut-il pour avoir du chien ?
Il ne suffit pas et il n’y a pas besoin d’être belle ; il faut juste avoir ce charme, ce petit « je-ne-sais-quoi » qui attire et fascine les hommes et les fait craquer, au point d’oublier parfois qu’ils ont déjà tout ce qu’il faut et peut-être même en mieux à la maison.
Le mot chien, hors de son usage naturel pour désigner un canidé domestique, peut être soit une insulte pour désigner quelqu’un de méprisable, soit un adjectif ayant un sens proche de ‘coquin’ ou ‘canaille’.
Et c’est probablement ce deuxième sens qui est à l’origine de l’expression apparue au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle.
4/ Les chiens aboient et la caravane passe
Formule employée lorsqu’on est sûr de soi et qu’on dédaigne des obstacles que d’autres cherchent à mettre sur notre chemin et également lorsqu’on fait semblant de ne pas être atteint par une insulte ou une critique quelconque.
Ce proverbe arabe était jadis employé pour décrire le comportement impassible des chameaux, très prisés par les peuples sédentaires d’Afrique du Nord, lorsqu’ils passaient à proximité des campements nomades et ceci malgré les aboiements incessants des chiens chargés de les défendre.
5/ Les chiens ne font pas des chats
On hérite du comportement et des goûts de ses parents.
Sur un plan purement génétique, ce dicton est généralement vérifié.
Quand bien même une souris éprouverait-elle une attirance féroce pour un éléphant au point de s’accoupler avec lui, il ne pourrait en aucun cas (à supposer qu’elle y survive) en naître un animal hybride, un souphant ou un éléris, ou un animal d’une des deux espèces.
Ce qui est vrai entre une souris et un éléphant l’est également entre une mouche et un raton-laveur, hélas condamnés à ne pas avoir de descendance malgré l’envie qui les taraude, ou, dans le cas qui nous concerne, entre un chien et un chat.
Mais s’il est vérifié en génétique, ce dicton est en réalité utilisé en application à des situations qui vont bien au-delà des choses innées.
6/ Un temps de chien
Un très mauvais temps.
« de chien » est un qualificatif désignant un excès, comme dans « une humeur de chien », « un mal de chien » ou « une vie de chien », par exemple.
Il part de l’idée que le chien est une sale bête, un animal méchant et méprisable.
Certains musulmans se servaient et se servent toujours de l’injure « chien de chrétien » (ou « chien de roumi » autrefois) pour désigner un occidental ; Voltaire, entre autres, la cite au XVIIIe siècle.
En Palestine, au Ier siècle, l’expression « chien de païen » était couramment utilisée, paraît-il.
Et dans l’Evangile selon Matthieu, il est écrit que Jésus a dit : « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens » et « Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ».
Autant dire que selon les endroits et les périodes, le joyeux aboyeur et tartineur de trottoirs n’était et n’est pas vraiment bien considéré.
7/ Etre comme chien et chat
Ne pas s’entendre.
Dans la croyance populaire, les chiens et les chats sont des animaux qui ne peuvent se supporter les uns les autres. Et cette conviction ne date pas d’hier. On disait en effet dès le XVIe siècle « être amis comme le chien et le chat ». La forme actuelle « être comme chien et chat » date du XVIIe siècle et signifie que deux personnes ne peuvent s’entendre.
8/ Ne pas attacher son chien avec des saucisses
Etre très avare.
Cette expression date du XIXe siècle. Si une personne attache son chien avec des saucisses, il va sans dire que l’animal risque de se détacher en les mangeant, ce qui obligerait son propriétaire à racheter une nouvelle laisse, attitude totalement impensable pour une personne très avare.
9/ Entre chien et Loup
A la tombée du jour.
Apparue en français au XIIIe siècle, l’expression existait déjà dans l’Antiquité. On peut ainsi lire dans un texte du IIème siècle : « quand l’homme ne peut distinguer le chien du loup ». « Entre chien et loup » désigne le soir ou le matin, moment de la journée où il fait trop sombre pour pouvoir différencier un chien d’un loup. Le chien symboliserait le jour puisque tout comme lui, il peut nous guider ; alors que le loup serait le symbole de la nuit, représentant une menace, mais également les cauchemars et la peur.
10/ Avoir un mal de chien
Avoir beaucoup de difficultés à réaliser quelque chose.
Expression française qui se baserait sur la métaphore du chien qui serait un qualificatif désignant l’excès. De plus cet animal en question a depuis toujours représenté la sale bête, l’animal méchant et méprisable et ceci à travers toutes les civilisations. Même la religion n’a pas épargné cette pauvre bête puisque dans l’Evangile et selon Saint Matthieu, il fut affirmé de la part du Christ qu’il « ne faut point donner les choses saintes aux chiens » et qu’il « ne serait pas juste de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Aussi, toutes les expressions françaises utilisant les comparaisons avec le chien expliquent une certaine aversion de quelque chose ou quelqu’un.