Le dernier livre de Françoise Simpère est un roman. Comme les ouvrages précédents, il aborde l’amour, mais cette fois sous l’angle de la dépendance et non plus de la sexualité. « Jouer au monde » (J'ai Lu) plonge le lecteur au cœur des années 80. On y retrouve une jeune femme, Marine, qui tombe amoureuse d'Antoine, artiste étrange qui vit "en trompe l'œil". Elle devient dépendante des jeux qu'il invente pour elle. Rien de sexuel, il n'a aucun désir, mais même cette absence de désir rend l'héroïne accro bien qu'elle s'en défende. A la fin, elle prend conscience de cette emprise, en a peur, et fuit cet homme. La mère de Marine, veuve très jeune, a découvert que ce deuil lui a ouvert l'autonomie affective. La mère d'Antoine, bien mariée et heureuse, abandonne son foyer (et Antoine, d'où le traumatisme qui rend ce mec bizarre) pour exprimer ce que sa vie conjugale bien rangée ne lui permettait plus d'exprimer. On est en pleine réflexion sur l'autonomie ou la dépendance affective, poussée à l'extrême.
Photo : Pierrick Bourgault
Trois questions à l’auteur
1) D’où vient cette idée de roman ?
Je suis très sensible aux histoires d’abandon. C’est d’ailleurs une histoire que j’avais écrite il y a 15 ans.
2) L’amour est-il synonyme d'addiction ?
Les gens veulent de l’addiction amoureuse. Ils sont presque déçus lorsque leur histoire ne ressemble pas à une folle passion. L’addiction débute toujours par un immense plaisir. Mais il faut en connaître le prix. L’addiction tue le couple. Elle ne peut conduire qu’au drame ou à la séparation.
3) Peut-on en sortir ?
Oui, c’est exactement comme pour la cigarette. Il faut flatter l’amour propre, l’estime de soi. Une amie m’a dit un jour, si je ne peux pas arrêter la cigarette alors que je sais que c’est mauvais pour moi c’est que je ne suis pas intelligente. En amour c’est pareil. Je me traîne à ses pieds, j’ai peur, je suis jalouse… Je vaux beaucoup mieux que cela donc j’arrête !