Fin juin/début juillet 2012, nos médias n’ont d’yeux que pour eux. Je veux évidemment parler de nos « joueurs de ballons » préférés qui s’empoignent sur les prés carrés d’Ukraine et de Pologne pour régner sur l’Europe du ballon rond pendant 4 ans. Dans cette Europe de l’Est qui a connu les joies du communisme, le style de jeu légèrement possessif de la « Roja » Espagnole côtoie la verve distinguée à la française de Nasri ou Ribery ou le style vestimentaire et capillaire « crêtine » de « Super Mario » Balotelli . Mais dans cette région du globe, point de trace du joueur « Dandy ». A l’heure ou les idoles des jeunes n’ont de classe que leurs bolides (et encore) ou leurs compagnes (je plaisante), que reste-t-il du style qui a vu le jour à la fin du 18ème siècle? E-TV s’est penché sur cette véritable philosophie de vie.
En 2012, le terme « Dandy » est galvaudé, le concept est flou et les origines largement oubliées. Ainsi, lorsque nos contemporains parlent de dandys, ils pensent à des parangons d’élégance, soucieux de leur tenue jusqu’à l’extrême. Pourtant, au début du XIXème siècle, le dandy cultive certes l’élégance mais marque la fin de phénomènes vestimentaires beaucoup plus excessifs.
La légende veut que George Bryan Brummell passait jusqu’à quatre heures chaque jour pour s’habiller, et notamment pour nouer sa cravate, qui devait afficher un mouvement satisfaisant au premier mouvement. A défaut, Brummell jetait l’étoffe froissée à ses pieds pour en essayer une autre. Plusieurs biographies font état des morceaux de cravates que son « valet » ramassait le matin et portait à la teinturerie, ce qui valait au premier dandy des notes astronomiques participant à sa ruine.Dès son adolescence, l’homme s’est imposé comme le roi de la mode britannique. Devenu favori du roi George IV, il fait bientôt la mode européenne, imposant de nouvelles normes d’élégance fondées sur le bon goût et la discrétion. On lui doit le raffinement du mariage des matières et des couleurs qui prévaut encore aujourd’hui.
Devenu célèbre dans la bonne société de l’Europe entière sous le nom de « Beau Brummell », il accessoirise ses cols de chemise démesurés de cravates de batiste ou de mousseline blanche, qu’il voulait légèrement amidonnées afin qu’elles conservent toute la journée le mouvement qu’il leur donnait le matin.
Souvent moqué au XXème siècle pour son seul côté vestimentaire, le mouvement ne se circonscrit pas à cette seule préoccupation. Ainsi Baudelaire et surtout Barbey d’Aurevilly (1808-1889) ont décidé d’ériger le dandysme en véritable lifestyle avant l’heure. Barbey s’attache donc à magnifier l’élégance, tant en termes d’esthétisme qu’intellectuellement parlant, tandis que l’auteur des « Fleurs du Mal » y trouvait le moyen d’une lutte contre le « nivellement par le bas ». Hélas, une tendance institutionnalisée de nos jours de la toute jeune démocratie d’alors (« qui envahit tout et nivelle tout »). Si les nouveaux Brummell ne courent plus les salons, ils arpentent les scènes rock à l’instar d’un Serge Gainsbourg ou d’un David Bowie. Aujourd’hui, on peut citer un Pete Doherty qui marie ses pantalons slims avec un feutre Trilby, des médailles de baptême finement ciselées, des vestes somptueuses en satin et dont la peinture, moins connue, témoigne de sa singularité d’esprit.
Alors même si le néo-dandy ne passe plus quatre heures à s’habiller le matin, ce n’est pas tant parce qu’il n’en a plus le temps que parce qu’il sait instinctivement ce qui lui va et ne lui va pas, ce qui le met en valeur ou non. Car aujourd’hui comme hier, le dandy est le directeur artistique de sa propre existence.