Arthur HAULOT: résistant, poète, haut fonctionnaire et artisan de la mémoire.

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : AWANS: MEMOIRE ET VIGILANCE


Arthur HAULOT: résistant, poète, haut fonctionnaire et artisan de la mémoire.

Arthur HAULOT

ANGLEUR, le 15 novembre 1913

BRUXELLES, le 24 mai 2005.

Résistant, poète, haut fonctionnaire et artisan de la mémoire.

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Afin de récompenser ses actions, le Roi BAUDOIN en personne lui accorda le titre de « Baron » alors qu’il venait d’obtenir celui de Docteur Honoris Causa à l’Université Paris 8 comme personnalité étrangère dont l’engagement et les œuvres s’inscrivent dans l’esprit de l’Université.

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Arthur HAULOT est né dans la banlieue liégeoise en 1913 dans une famille pauvre mais heureuse. Il fut influencé par son père, ébéniste, militant socialiste. Il dut quitter l’école à l’âge de 16 ans pour aller travailler à la F.N. à HERSTAL puis on le trouve à la comptabilité dans une banque coopérative. Mais ce travail ne l’enchante guère. Manifestement, il a une autre envergure et il se sent bridé. C’est à cet âge qu’il se livre à ses premières expériences journalistiques et littéraires. C’est dans le « Journal des Petits Faucons Rouges ». C’est là qu’il se fit remarquer et engagé au journal liégeois « La Wallonie ».

Il n’en reste pas là. Quatre ans plus tard, il entre à l’I.N.R. ( l’ancêtre de la R .T.B.F.). Et, en 1937, il est attaché de cabinet au Ministère des Communicat. En 1938, on le retrouve inspecteur à l’Office national des Vacances ouvrières et directeur du Commissariat général au Tourisme. Parallèlement à sa carrière administrative, il revient à sa passion littéraire par le biais de textes et poèmes composés pour le mouvement ouvrier. C’est donc faussement qu’il a été parfois dit qu’il avait dû ses promotions à son titre de prisonnier politique, ce qui n’aurait d’ailleurs rien eu d’infamant.

Mais la guerre de 40/45 survient et l’occupation nazie. S’opère, à ce moment, un tournant dans sa vie. Depuis sa prime jeunesse, il est un militant actif du Parti Ouvrier Belge ( l’ancêtre du P.S.B. puis du P.S.). Il ne peut supporter l’attitude de son leader, Henri DEMAN, et il participe, dès mai 1940, à la fondation du Parti Socialiste clandestin. Il est arrêté en 1941 lors d’une opération clandestine. Il est emprisonné à Bruxelles. Il y rencontre le chanoine CARDYN, aumônier de la JOC. Ils établissent ensemble ce qui constituera, la paix revenue, la base du Conseil national de la Jeunesse.

A la suite d’un attentat commis contre des officiers allemands au restaurant « Le Cygne », restaurant leur réservé, il se retrouve dans un groupe de quarante otages envoyés au camp de concentration de MAUTHAUSEN en catégorie N.N. (Nuit et brouillard), c’est-à-dire destiné à une mort anonyme. En novembre 1942, on le transfère à DACHAU. Là, dans la clandestinité et en prenant de grands risques, il organise le Comité International Clandestin. A la libération du camp par l’armée américaine (Rainbow Division) il prendra le commandement du camp. De cette période de sa vie, il dit : «J’ai pu y découvrir mes limites en bien comme en mal. Jamais nous ne tombons ni ne nous élevons si haut que dans des circonstances exceptionnelles. Je me disais alors : «Si je sors d’ici vivant, je ne regretterai jamais d’y être passé». De sa captivité, il ramène un étonnant recueil de poèmes « Si lourd de sang »En 1957, paraît un recueil de contes pour enfants écrits durant son séjour en prison en 1942, « Roux dans la lune ».

À la fin de la guerre, il témoigne dès 1945 de l’horreur des camps de concentration dans un livre intitulé « DACHAU»Cela mérite d’être signalé car cet ouvrage pourtant écrit dans la foulée des évènements par un témoin direct n’est guère connu au delà des initiés. Il a pourtant sûrement la même valeurs que les oeuvres de Primo LEVI ou de David ROUSSET qui sont mieux connus ! Afin de commenter personnellement le procès de NUREMBERG, il exerce à nouveau durant quelques mois son ancien métier de journaliste au journal « Le Peuple ».

Passés ces épisodes, il reprend sa carrière dans l’Administration : Chef de cabinet du Ministre de la Reconstruction (1946), Commissaire général du Tourisme de 1946 à1978. A ce titre, il contribue à la fondation de la Commission européenne du Tourisme. Secrétaire général du Bureau international du Tourisme social en 1963. En 1955, il crée la Fédération Thermale de Belgique. Sous sa présidence (1966-1967) à l’Union internationale des Organismes officiels du Tourisme (devenu Organisme mondial du Tourisme en 1967), l’année 1967 fut proclamée par les Nations Unies « Année internationale du Tourisme ». Il est convaincu que le tourisme peut aider les peuples à mieux se connaître et à s’apprécier davantage. Durant 33 ans, sa figure se confond avec l’Administration qu’il représente. En 1973, il participe à la fondation du Bureau International du Tourisme Social.

Soucieux de l’image touristique de la Belgique, il eut l’idée de la notion des neuf merveilles de Belgique. Arthur HAULOT a aussi mis sa brillante plume au service du développement touristique de son pays. Il a défendu la beauté de nos régions à l’étranger. Il fonda avec P.-L. Flouquet les Biennales internationales de Poésie (Knokke, puis Liège) et dirigea « Le Journal des Poètes ». Il est aussi l’auteur de quelques textes clairs et intelligents sur nos différentes régions.

Après avoir pris sa retraite, HAULOT se consacra essentiellement à la sauvegarde de la mémoire. En 1977, il préside le « Groupe Mémoire » qui rassemble les prisonniers politiques et raciaux de la Seconde Guerre mondiale. C’est le Docteur WYNEN qui lui succéda.En 1994, en tant qu’ancien prisonnier politique, il fut chargé de présider le comité de Coordination du 50ème anniversaire de la Libération.

BIBLIOGRAPHIE.

Poèmes :

  • Nous, 1933.

  • Théâtre rouge, , 1935

  • Matin du monde, 1937.

  • Adolescence, 1939.

  • D’un monde à l’autre, 1940.

  • Si lourd de sang, 1947.

  • Poèmes pour l’Europe,1951.

  • Petite suite provençale, 1952.

  • Poèmes du temps retrouvé,1955. (

  • Père, 1960.

  • Départs, 1963.

  • Espaces, 1967.

  • Poème pour Louise, 1967.

  • Dérives,1969.

  • Genèse, 1972.

  • Poèmes du sang,1976.

  • Connivences, 1977.

  • Magie, 1980.

  • Cette nuit-là… l’Ommegang de Bruxelles, 1980.

  • Poème de l’exil, 1982.

  • Le temps intérieur, 1984.

  • Arthur Haulot.1984.

  • Remember, 1986

  • Plaisirs d’amour, 1988.

  • Présences, 1988.

  • Pères et fils, en collaboration avec Titane de Lichtervelde, 1988.

  • Exorcismes, 1992.

  • Poèmes, L’arbre à paroles, 1993.

  • Amour du monde, (CD), 1994.

  • Poésie au quotidien, 1995.

  • Messages pour l’avenir, 1996.

  • Amour, j’écris ton nom, 2005.

  • Poèmes d’amour, recueil, 2006.

Témoignages :

  • Dachau, 1945.

  • Mauthausen Dachau, 1985.

  • J’ai voulu vivre, 1988.

  • Paroles d’homme, 1995.

Contes pour enfants :

  • Roux sur la lune, 1946.

  • Le merle borgne, 1968.

  • Douchka la chatte, 1971.

  • Le corail d’Aqaba, 1979.

  • Le petit prince de Corfou,1985.

Reportages :

  • La Belgique vue du ciel, Est-Ouest, Bruxelles, 1951.

  • Aux couleurs de Belgique, Est-Ouest, Bruxelles, 1963.

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Il a expliqué les sens de son engagement dans le comité de parrainage des “Territoires de la Mémoire”.

-” Oui, cela a toujours un sens d’entretenir aujourd’hui la mémoire d’il y a cinquante ans. Contrairement à beaucoup de rescapés des camps, qui ont préféré faire le silence sur leur indicible expérience, j’ai toujours pensé qu’il faut que les gens sachent, aujourd’hui, de quel prix ont été payés la démocratie, la sécurité et le bien-être dont ils jouissent aujourd’hui. J’ai toujours craint, aussi, que la bête immonde ne renaisse de ses cendres.

Il est, à mon sens, essentiel de perpétuer le savoir, d’informer les jeunes, non seulement pour rendre un hommage légitime à ceux qui ont fait tous les sacrifices pour restaurer les valeurs essentielles, mais aussi pour faire prendre conscience qu’ils ne sont pas nécessairement à l’abri de ce qui est arrivé à leurs parents et à leurs grands-parents. Il suffirait, passez-moi l’expression, de laisser faire les mêmes conneries pour que cela recommence de la même façon.

Car il n’est pas illusoire de penser que les acquis actuels peuvent être remis en cause. Il suffit de voir ce qui se passe dans d’autres pays, avec par exemple les thèses de Le Pen sur la supériorité de la race blanche. Moi, je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants payent le même prix que nous. Pour cela, il faut rester vigilants, il faut agir. C’est ce que j’appelle le devoir de vivre. “