Birmanie
Début de la mission :
1994
Equipe: 446 personnes
Détail de la mission
La Birmanie est ces jours-ci sous le feu des projecteurs, en raison des violences qui ont agité ces dernières semaines l’Etat du Rakhine et qui démontrent l’équilibre fragile d’un pays en transition. Parallèlement, le gouvernement multiplie les signes d’ouverture : la tournée d’Aung San Suu Kyi, autorisée à sortir du pays, en est un.
Il s’est engagé aussi engagé sur la voie des réformes économiques, politiques et sociales, qui mènent à normalisation progressive des relations avec la communauté internationale. Quels sont les défis à relever pour assurer un développement durable, harmonieux et stable dans un pays qui se trouve aujourd’hui à un tournant ?
3 questions à Alexandre Le Cuziat, chef de mission d’ACF en Birmanie
Aujourd’hui, quelle est la situation dans l’Etat du Rakhine, secoué par les violences ces dernières semaines ?
La situation est, on le sait, très préoccupante. Avec les violences des jours passés, de nouveaux besoins humanitaires sont en train d’émerger : les combats intercommunautaires entravent l’approvisionnement des marchés et les déplacements, faisant grimper les prix.
On craint les pénuries alimentaires. Des dizaines de milliers personnes ont dû fuir leur maison et se retrouvent sans abri, sans accès à l’eau potable et à l’assainissement, en pleine saison des pluies. Cette situation critique pourrait entraîner rapidement une augmentation de la malnutrition et des maladies hydriques, dans un contexte où le système de santé se trouve extrêmement restreint.
Face à la situation ACF s’est vue obligée de suspendre, pour la première fois, la plupart de ses programmes d’assistance, alors que 5 000 enfants étaient sous traitement nutritionnel. C’est dramatique dans une situation où les besoins humanitaires sont si importants. Il faut absolument garantir un accès des organisations humanitaires comme ACF aux populations sinistrées. Elles ont un devoir d’assistance aux personnes vulnérables en dehors de toute question religieuse, ethnique ou politique.
Justement, comment le contexte politique a-t-il évolué depuis la mise en place du nouveau gouvernement ?
Depuis un peu plus d’un an et l’arrivée du gouvernement du président U Thein Sein, le contexte politique birman a beaucoup évolué. L’une des manifestations de cette mutation politique, c’est la campagne législative qui vient de se dérouler : dans les rues de Yangoon et d’ailleurs, vous pouviez voir des partisans de l’opposition arborer des tee-shirt ou drapeaux aux couleurs de leurs partis. C’était quelque chose de tout à fait nouveau. Un autre symbole, entre autres, c’est bien sûr l’image d'Aung San Suu Kyi, sillonnant non seulement son pays mais aussi, aujourd’hui, l’Europe. Les signes donnés par le gouvernement d’un assouplissement du régime a porté ses fruits sur la scène internationale avec, ces derniers mois la levée de certaines sanctions et restrictions européennes ou américaines.
C’est un changement de cap important et qu’il ne faut pas négliger même si c’est avec un optimisme prudent qu’il faut continuer à observer comment les réformes amorcées vont être mises en oeuvre sur le long terme.
Par ailleurs, les violences récentes dans l’Etat de , mais aussi le conflit dans l’Etat du Kachin, au Nord du pays, qui continue d’occasionner des heurts et des déplacements de populations, illustre
l’enjeu pour ce nouveau gouvernement et la classe politique de la question des minorités ethniques.
Sur le plan économique et social, qu’attendez-vous des autorités ?
Le gouvernement met en avant sa volonté de relancer l’économie du pays: le chef de l'Etat a indiqué viser une croissance de 7,7% par an en moyenne lors des cinq à année à venir, avec l'aide des investisseurs étrangers et du secteur privé. De notre point de vue, cela doit s’accompagner par la reconnaissance, traduite en politiques publiques,
des problèmes de pauvreté et de santé dont une grande partie de la population souffre.
La question de la réduction et de la disparition des inégalités notamment au sein des minorités ethniques, doit faire partie de cette vision d’ensemble pour le pays. De manière générale, un des premiers défis à relever est de mieux appréhender la réalité économique et sociale, l’étendue des besoins. Il n’y a que très peu de statistiques disponibles donnant un état des lieux fiable, qui permettrait de faire une analyse des besoins et d’identifier les priorités.
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