Envoyée spéciale à Landerneau, où était inauguré samedi 23 juin un nouveau centre d'art contemporain, le Fonds Hélène et Edouard Leclerc, voici les premières images de l'exposition inaugurale de Gérard Fromanger. La rétrospective 2012 du peintre de la figuration narrative donne toutes les raisons de se rendre à quelques kilomètres de Brest, jusqu'au 28 octobre.
"Aucune ombre au tableau" pour cette magnifique exposition de Gérard Fromanger intitulée "Périodisation" du nom du livre que le philosophe Gilles Deleuze voulait consacrer au peintre en 1995. "Fromanger épuise une idée, va jusqu'au bout des combinaisons possibles", indique son ami, le journaliste Serge July, auteur d'une biographie de l'artiste aux éditions Le Cercle d'art. De la première salle des Capucins, où le visiteur est accueilli par un autoportrait de sa période grise daté de 1962, jusqu'à un autre autoportrait de 2011 à dominante orangé, le visage crayonné par des rides radieuses, on mesure la richesse et la variété de 50 ans de création.
Gérard Fromanger a accepté d'exposer dans ce petit coin de la Bretagne, et c'est un cadeau ! Un geste, à l'image de ce peintre, généreux, ouvert sur le monde et le flux perpétuel de ses échanges. Michel-Edouard Leclerc le lui rend bien, avec une scénographie parfaite. Les cimaises ont été montées sur mesure permettant de montrer idéalement ses grands formats comme notamment la toile de 9 mètres de long "De toutes les couleurs, peinture d'histoire" (1992). Le centre d'art est installé dans une bâtisse du XVIIe siècle, habillée de pierre de Logonna et couverte d'ardoises, le "hangar" est l'ancien magasin à l'enseigne Leclerc.
Ce sont des éclats de couleurs que l'on suit, telle une piste chromatique, tout au long de l'exposition. "Le soleil inonde ma toile", clame-t-il dès 1966 en titre d'un tableau en bois découpé (série Le Tableau en question). "J'avais 600 couleurs dans la tête, explique Fromanger aujourd'hui. Je peignais dans le noir avec seulement la lumière de la projection." Cette trouvaille du début des années 70, est à l'origine de la série du Boulevard des Italiens qui lui vaut la reconnaissance des protagonistes de la Nouvelle figuration. "Je me sens comme un soleil. Je réchauffe, j'illumine...", confiait-il récemment au philosophe Michel Onfray lors d'un entretien filmé.
Pour certains, Fromanger est un artiste-peintre. Au diable, ses détracteurs! En une trentaine de séries et 120 toiles, lumineuses, inventives, d'une grande force de conviction et d'engagement, Gérard Fromanger fait la magistrale démonstration d'une oeuvre cohérente, composée au rythme de tempos (ou tempi). "Périodisation" est le point d'orge d'un parcours qui rend hommage à la figure, à la vie... Il y a du Piazzolla dans Fromanger. Ses lignes dansent, ses couleurs vibrent. Son art est un tango. Allegro, maestro ! (Crédit photo : Marie Clérin)
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Périodisation 1962-2012 : Gérard Fromanger
Portrait de Gérard Fromanger à la Bastille, par Marie Clérin (2011)
Le Domaine des Capucins à Landerneau, un ordre fondé en 1525
Silhouettes rouges dans la cour des Capucins à Landerneau (29)
Portrait de Gérard Fromanger à Landerneau, par Alexia Guggémos
Michel-Edouard Leclerc et Marin Karmitz à l'inauguration de l'exposition de Gérard Fromanger
Serge July, devant "Noir, nature morte" (1994) de Gérard Fromanger
Le souffle de mai, souvenir de 1968, dans l'exposition Périodisation (1962-2012)
La mort de Pierre Overney (1975) aux Capucins
La mort de Pierre Overney (1975), 200 x 300, collection Pierre Darier, en dépôt au MAMCO
Série Le Désir est partout (1974) aux Capucins
En Chine, à Hu Xian (1974), 200 x 300, Centre Pompidou
Alexia Guggémos, devant Existe (1976) de Gérard Fromanger
Existe (1976), 130 x 195, Série Questions