La quarantaine, la solitude, l’anonymat. Voilà la vie de Mélina, cette célèbre animatrice radio enjouée, qui conseille les auditeurs sur leur vie sexuelle et autres maux. La sienne de vie, est un peu terne. Seule avec son chien, maladivement paralysée par les rapports sociaux, elle ne peut avancer vers l’avenir sereinement. La raison en est simple : elle ne connaît rien de ses origines, ni de son passé, sa mère l’ayant abandonnée à la naissance. Si le postulat de base du premier film de Pierre Pinaud a l’air simpliste, son traitement l’est beaucoup moins. En effet, il étreint son héroïne avec une délicatesse et une pudeur rares, faisant tout reposer sur son actrice principale, une Karin Viard impeccable, capable de passer du rire aux larmes en une fraction de seconde. Si Parlez-moi de vous est aussi réussi, c’est surtout grâce à sa présence incroyable à l’écran, aussi à l’aise en voix décomplexée qu’en corps pétrifié par mille phobies.
Concrètement, le film ne raconte pas grand-chose si ce n’est une parenthèse humaine bourrée et de tendresse et de cruauté. La quête de la mère, et de la vérité, devient alors l’unique moteur du long-métrage, et de l’héroïne. Dès le départ, on comprend que c’est dans cette confrontation avec sa génitrice, et son passé, que l’animatrice radio saura quitter l’ombre pour la lumière. Lorsque cette dernière intervient enfin, Pinaud surprend : pas de pathos, ni de grandes séquences larmoyantes et candides. Le réel frappe la pellicule, malgré la légèreté de ton de l’ensemble, et les retrouvailles prennent une tournure abrupte plutôt inattendue. Voilà la force de ce premier long-métrage : une allure de rose, qui cache bien des épines.