Magazine Cinéma
Plan de restructuration, crise sociale, usine occupée. Jacques Maillot inscrit son film dans un contexte politique contemporain, lorgnant sur ce qu’il se passe côté patronat. C’est ainsi qu’il suit Georges Pierret (Daniel Auteuil, irréprochable), patron plein d’humanité d'une entreprise navale menacée de fermeture. Parce que les banques le lâchent, il est contraint de sacrifier la moitié de ses fidèles travailleurs. C’est le début d’un crescendo sous tension en milieu de travail où les divers protagonistes plient sous le poids d’une mécanique bien huilée. En effet, Maillot explore ces rouages d’un regard judicieux, dévoilant la longue (et impitoyable) chaîne de production dans laquelle chacun se trouve piégé. Où chacun a ses propres intérêts à défendre. Ainsi, les travailleurs, avec famille et gosses à nourrir, font-ils face à leur supérieur hiérarchique, lui-même faisant face à plus gros que lui : actionnaires et directeurs de banque.
Une chaîne humaine en aller-simple pour l’enfer. En témoigne le glacial final où- ironiquement ? Logiquement ?- c’est le consommateur qui paiera le prix fort. La démonstration de Maillot possède quelques bons atouts dans sa manche : une tension latente, très bien maîtrisée ; un personnage fort, et nuancé. Le cinéaste réussit à insuffler du cinéma dans un lieu (l’usine) respirant le réalisme, et, évite tout manichéisme (le méchant patron versus les gentils employés) afin de mieux rendre compte de l’intense climat de violence et de désespoir qui pousse l’homme aux pires folies.