En cette fin d'après-midi, fatiguée d'être dans une foule dense, je me suis réfugiée dans la Calle del Dose da Ponte. La calle étroite rejoint le Grand Canal, je voulais découvrir le point de vue, mais quelques touristes avaient eu la même idée et prenaient des bains de soleil au bord de l'eau, sur le ponton.
En revenant sur mes pas, je me suis engagée dans la Calle del Tagiapierà, en traversant la corte, je suis arrivée au ramo où j'ai pu découvrir cette jolie vue. Je me promis donc de revenir un matin tôt pour revoir le lieu et c'est seulement à ce moment-là que j'ai compris que je me trouvais à côte de la Casetta Rossa.
Quelques jours plus tard et tranquillement cette fois-ci, je suis revenue dans la petite ruelle et ses méandres.
Il restait encore les traces de la journée pluvieuse de la veille et c'est avec précautions que j'ai escaladé les planches du ponton, complètement effondré pour essayer d'apercevoir à travers les grilles, le jardin de la maison rose. Dangereuse curiosité, ne tentons rien de plus !
Joli détail de la poignée d'une porte voisine se trouvant sur la corte
Quelques lignes de Henri de Régnier :
... Déjà ces souvenirs, à mesure qu'ils s'accumulent, je les classe dans mon esprit. Tous ils y font de la joie et contribuent à mon bonheur vénitien, à cette sorte de calme ivresse où l'on vit ici, car, à Venise, la hâte et l'agitation sont inconnues. La confrontation même de la ville impose à tout une sage lenteur. À quoi bon se hâter à travers les mille détours des calli où, à chaque pas, on est retenu par quelque détail charmant et pittoresque ? ...( L'Altana p.44 )
... Cette Venise du settecento, allons y vivre une heure dans un lieu qui a conservé le parfum lointain et suranné. Du Palais Dario, il n'y a que le Grand Canal à traverser. Nous voici devant la charmante Casetta Rossa qu'habite un ami de nos amies. Elle est petite, carrée et revêtue d'un crépi rouge...
( L'Altana p.45 )