Les présidents Sebastián Piñera (Chili) et Fernando Lugo (Paraguay) à l’automne 2011 (photo licence Creative commons pour Flickr Fernando Lugo Mendez)
En Amérique du Sud, la situation politique est délicate. Vendredi 22 juin 2012, le président du Paraguay, Ferdinand Lugo, a été destitué (voir la position de la France ici et le résumé de la situation grâce à ce papier du Monde). Ce coup d’Etat légal contraint les pays voisins à des choix. L’Argentine prend fait et cause pour le président destitué. La présidente argentine Cristina Kirchner évoque même “un coup d’Etat inacceptable qui fait repenser à des situations auxquelles nous ne voulions plus croire en Amérique latine”. Idem pour le Brésil qui a rappelé son ambassadeur. Le sommet du Mercosur (qui regroupe Argentine, Paraguay, Brésil et Uruguay) devait se tenir dans à la fin de cette semaine : la participation du Paraguay semble plus que compromise puisque le bloc a annoncé sa suspension. Ferdinand Lugo, président déchu, entend tout de même s’y rendre.
Quid du Chili dans cette situation ?
Si, par la voix du ministre des Affaires étrangères Alfredo Moreno, le Chili estime que cette destitution n’a pas “rempli les critères minimaux requis pour être dans les règles”, le gouvernement chilien marche sur des oeufs et se refuse à toutes sanctions susceptibles de “blesser la population du Paraguay”. L’ambassadeur du Chili au Paraguay a également été contacté afin d’évaluer la situation.
Mais le Chili ne s’élèvera pas seul contre ce putsch “légal mais illégitime”, comme l’a défini Alfredo Moreno. Un sommet de l’Unasur (l’union des pays sud-américains dont fait partie le Chili) doit déterminer une position commune des états membres. Position dont le Chili fera sienne.
“La décision du Chili nous paraît positive”, note le nouveau gouvernement paraguayen mené par Federico Franco (l’ancien vice-président), qui rappelle au passage que “le pays continue de fonctionner : il n’y a ni état de siège, ni prisonnier politique, l’ancien président continue de s’exprimer à la télévision publique.”
L’attentisme du Chili lui permet de jouer la sécurité. Difficile en effet de purement condamner la prise de pouvoir pacifique – mais expéditive – du vice-président sans connaître tous les tenants et les aboutissants du dossier. Et les liens entre le président chilien Sebastián Piñera et son homologue paraguayen Fernando Lugo (Paraguay) n’étaient que purement cordiaux. Plus social que le Chilien, Fernando Lugo est un homme de gauche. Plus libéral, Federico Franco pourrait développer d’autres passerelles économiques. Le gouvernement Piñera ne veut donc pas prendre la tête d’une union de crise et préfère jouer la carte de l’unité de fait. En se disant qu’il y aura peut-être une carte à jouer : le 15 août prochain, les Paraguayens éliront leur nouveau président. Si la droite passe (elle est déjà majoritaire au parlement), le gouvernement chilien aurait un nouvel appui en Amérique du Sud.