Il y a 40 ans : l'affaire du Watergate

Publié le 25 juin 2012 par Vindex @BloggActualite

-Discours télévisé de Richard Nixon le 29 avril 1974-


Le 17 juin 1972 commençait le scandale du Watergate. Cette affaire politique américaine est véritablement emblématique des institutions et de la vie politique américaine, notamment de la perception que les citoyens américains ont de leur président. Voyons comment ce scandale s’est mué en une véritable affaire d’Etat, impliquant le président des Etats-Unis Nixon, qui démissionna.

Contexte historique


Le scandale du Watergate a lieu lors du premier mandat de Richard Nixon à la tête des Etats-Unis sous la bannière républicaine. L’année 1972 était une année de campagne en particulier dans un contexte de guerre du Vietnam ayant mobilisé l’opposition aux Etats-Unis. Une opposition dont se méfiait le président dès 1971, soucieux de sa réélection. Il mit en place une unité d’espions, les « plumbers » pour enquêter à propos des opposants, et surtout de la composante jeune et gauchisante de celle-ci. Pourtant, son mandat semble avoir été rondement mené, avec notamment la réouverture des relations internationales avec la Chine. Mais la guerre du Vietnam, dans laquelle s’enlisaient les américains, a pesé de manière importante dans le bilan. De même, l’exécutif s’est-il renforcé avec Nixon, notamment sur la finance, puisque Richard Nixon décrocha le dollar du change or.

L’affaire 


Tout commença donc le 17 juin 1972, lorsque des cambrioleurs furent retrouvé dans l’immeuble du Watergate, alors lieu de rassemblement des démocrates lors de la campagne présidentielle. On apprend alors que ces faux plombiers étaient présents pour motifs d’espionnage : ils avaient pour ordre d’installer des micros pour enregistrer les réunions du Parti Démocrate. Cette affaire au départ anodine va se transformer en une réelle opportunité pour le Parti Démocrate à la peine. En effet, en octobre, le Washington Post émet l’hypothèse d’un ordre émanant de la maison blanche à l’intention de ces « plombiers » pour espionner les démocrates. Certains pensent plutôt qu’il s’agit de débordements de militants du Parti Républicain, alors que d’autres croient que l’entourage proche du Nixon est impliqué. Toutefois, dans un premier temps, le président n’est pas inquiété, ou par si peu de médias. Mais peu à peu, deux journalistes du Washington Post mettent à jour le système sophistiqué que le président a mis en place pour faire espionner les opposants, à l’aide de révélations d’un mystérieux informateur : « gorge profonde ». Toutefois, l’affaire est assez longue à démarrer et n’empêche pas la réélection de Nixon. Mais dès février 1973, une commission nomme un procureur indépendant pour mener l’enquête. Celle-ci révèle que le président mettait également sous écoute la maison blanche, pour faciliter la rédaction de ses mémoires semble t-il. A la fin de l’année 1973, les premières voix réclamant la démission du président s’élèvent. Après avoir refusé de les communiquer à la commission, Nixon finit par livrer une transcription des bandes magnétiques à cette dernière pour que l’enquête soit approfondie. Elles sont rendues publiques le 5 août 1974 et l’implication du président dans l’affaire et la volonté de faire disparaître les preuves ne fait plus de doute.

Conséquences politiques


Elles sont multiples. D’abord, l’affaire touche directement la fonction du président des Etats-Unis, qui semble sous son zénith avec Richard Nixon. Celui-ci, malgré sa fonction, a caché l’affaire aux américains et a privé le peuple de la vérité, ce qui lui est reproché. De même, une procédure d’impeachmentest intentée contre lui et a de grandes chances d’aboutir du fait de la majorité démocrate au congrès (d’autant plus que les républicains le lâchent aussi). Il s’agit d’une procédure pouvant l’obliger à se démettre de ses fonctions. Cependant, il prend les devants et annonce officiellement sa démission le 9 août 1974. La procédure est même stoppée car son vice-président Gerald Ford, prenant les fonctions, le gracie. La popularité de Nixon fut bien sûr affectée par l’affaire. Ensuite, elle marque sans doute le pas d’une inexorable montée en puissance du pouvoir exécutif aux Etats-Unis, et selon Alexandre Adler, cela marque le ralentissement d’une politique de surveillance de la part de l’Etat américain, en tout cas par l’épuration de la CIA qui suit la crise. Aussi, peut-on envisager des liens entre cette affaire et l’élection en 1976 d’un président Démocrate : Jimmy Carter.

Postérité


Cette affaire a réellement marqué les esprits. Au Etats-Unis, elle est sans doute considérée comme l’affaire politique la plus retentissante, notamment concernant un président de la République, même s’il est vrai que les affaires de mœurs de Bill Clinton ont aussi été suivis. Cela montre en tout cas l’intérêt que portent les américains à leur président et à leur vie privée, leur moralité. Les américains se sont aussi désormais plus méfié de leur président. Il faut aussi évoquer les films dont l’affaire Watergate fit l’objet plus ou moins directement, comme Les hommes du président, d’Alan Pakula, racontant l’histoire des journalistes d’investigation ayant mis à jour l’affaire. Enfin, le suffixe « gate » et son utilisation encore de nos jours montre que l’affaire du Watergate constitue un « modèle » d’affaire mêlant les hommes politiques. Ainsi, Clinton fut « victime » du Monicagate, tandis que plus récemment en France, en parla du « Woerthgate » concernant les ennuis judiciaires d’Eric Woerth.

Sources :


Histoire de Comprendre (Emission de Alexandre Adler) : http://www.youtube.com/watch?v=gnMOWf4tnqY
Peter Furtado, Les 1001 jours qui ont changé le monde - broché - Fnac.com - Collectif - Livre, traduit par Jacques Guiod et Anne Marcy-Benitez, Flammarion, 2009.
Wikipedia
Vincent Decombe