Rooney inoffensif, Welbeck transparent, Cassano peu inspiré… alors Balotelli, sans marquer, aura au moins eu le mérite d’apporter un souffle de légèreté et un brin de spectacle dans un empesé quart de finale Angleterre-Italie (0-0 a.p., 2-4 t.a.b.), dimanche à Kiev.
AFP
A 21 ans et 12 sélections au compteur (2 buts) “Super Mario” a aussi eu le culot de se lancer le premier dans la série de tirs au but, réussissant le sien lors d’une séance qui allait sourire aux Azzurri.
Balle au pied pas falot, Balotelli a fait du Mario. Un mélange de nonchalance et d’éclairs, pour peser d’une large empreinte sur la partie. L’attaquant de 21 ans, pas toujours très mature sur un terrain comme dans la vie, avait assumé la comparaison faite par son agent avec Peter Pan, “parce que je fais les choses à ma manière, je suis assez libre”.
Libre, oui; libéré, non.
Car “Mario the infuriating” (l’agaçant), comme on l’appelle parfois outre-Manche, c’est aussi des frappes de loin incongrues vu son placement et le mur de joueurs qui se dresse devant lui, et une kyrielle d’occasions ratées.
Les marques d’énervement, consubstantielles au personnage, ont aussi jalonné sa prestation. Elle l’avaient déjà escorté lors du premier tour. Il s’était avoué “ému” de disputer son premier Euro. Sa mise sur le banc lors du troisième match l’avait piqué, et il avait marqué, d’un superbe geste acrobatique.
Mais dimanche, la réussite l’a fui. Joueur de profondeur, il a pourtant souvent faussé compagnie au duo Terry-Lescott en partant à la limite du hors-jeu; si bien qu’une rumeur de danger l’accompagnait à chaque fois qu’il était sollicité.
Bien lancé dans le trou, “Balo” n’ose pas lober et tergiverse au point de se heurter au retour express de Terry (25e). Peu après, sa demi-volée acrobatique termine cette fois dans les bras de Hart; il shoote dans l’herbe de rage (32e).
Sur une ouverture de Pirlo, Cassano remet le ballon de la tête à Balotelli mais la défense centrale anglaise, plus prompte, dégage en corner; et de rage encore le voilà qui frappe le poteau du pied (42e).
“MadMario” (Mario le fou) est aussi capable de gestes venus d’ailleurs; témoin, ce contrôle de la poitrine dos au but suivi d’un retourné, au-dessus de la barre (60e).
Balotelli est un joueur qui fait parler; or lui-même ne s’exprime pas qu’avec les pieds sur un terrain. Dès le départ, il adresse de grands gestes à Balzaretti qui avait préféré centrer que lui faire la passe, et se prend en retour une réprimande de l’autre arrière latéral, Abate (2e).
Son centre pour… personne déclenche une fugace prise de bec à distance avec De Rossi (44e). Et Balotelli attend son compère d’attaque Cassano pour rentrer aux vestiaires ensemble dans une vive discussion… Et l’on ne compte pas les mots d’énervement échangés avec Montolivo, coupable pêle-mêle de ne pas lâcher la balle assez vite, assez bien, etc.
Beaucoup de blabla, auquel ont fait écho les supporteurs anglais, narquois, en chantant un “Balotelli est un branleur!”… Non, mine de rien, Mario bosse, quitte à faire des heurts supplémentaires: il n’hésite pas à aller à la lutte de la tête avec Hart, son coéquipier à City, et obtient un corner (76e).
Le gardien avait dit récemment qu’il y avait deux Balotelli, l’un capable d’actions extraordinaires, et l’autre de stupidités lui valant des exclusions, “Super Mario” et “Stupid Mario”. Et ce à quoi l’intéressé avait répondu samedi: “Il a de la chance, il connaît deux Mario Balotelli!”