de Marie Laberge
Québec, 1930. Gabrielle est mariée avec Edward depuis bientôt dix ans. Entre la maison de l’île d’Orléans et celle de la Grande-Allée, elle mène une vie bien remplie, entourée de ses cinq enfants.
De toute évidence, il s’agit d’un mariage heureux. Mais cette chose qui devrait être si simple fait pourtant froncer bien des sourcils dans l’entourage de Gabrielle. Décidément, le bonheur est suspect en cette époque où notre sainte mère l’Église nous dit que nous ne sommes pas sur terre pour être heureux, mais pour accomplir notre devoir.
Dans le premier volet de cette grande trilogie romanesque, qui a connu un succès sans précédent au Québec, Marie Laberge brosse une large fresque de la société d’avant-guerre. Elle nous fait partager le destin de personnages si vrais qu’ils semblent bondir de la page. Grâce à son art de traduire les mouvements du cœur les plus subtils ou les plus inavouables, elle éclaire de l’intérieur une époque où, sous la gangue des conventions sociales et de la religion, les passions ne brûlaient pas avec moins de force qu’aujourd’hui.
Je suis assez friande de ces sagas québécoises sur fond historique. J’ai eu le plaisir d’en découvrir plusieurs depuis que je m’intéresse aux auteurs québécois et je cumule le plaisir de comprendre un peu plus l’histoire du Québec et de sa place dans le Canada, avec celui de lire des romans bien écrits et intéressants.
Je connaissais Marie Laberge dans un autre registre, avec son roman plus policier, Sans Rien Ni Personne, dont j’ai parlé ici et elle m’a définitivement conquise dans le premier tome du Gout du Bonheur.
Ce premier tome met en scène la famille Miller, composée de Gabrielle, Edward, et de leurs cinq enfants dont Adélaïde, l’ainée.
Cette famille est atypique pour plusieurs raisons. D’une part, le père a baigné dans une culture anglophone et a été au contact des protestants… pour ne pas dire “mal influencé” si l’on en croit la belle bourgeoisie qui les entoure… Ensuite, nous avons affaire à un couple fou amoureux l’un de l’autre… Et oui, à cette époque, dans ce contexte, c’en est presque louche !
La lecture de ces quelques quinze années qui occupent ce tome est très facile et passionnante. Bien sur, on connait déjà le contexte de l’époque, les conventions sociales ultra rigides, la place de la femme dans la famille et la société, la pression de l’église, mais l’illustration de ces contraintes appliquées au quotidien de la famille Miller et de son entourage proche est très bien faite et j’ai beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage.
Gabrielle est un personnage très attachant, sa fille aussi, à laquelle on devine un destin intéressant pour la suite. J’ai eu un petit faible pour sa sœur, Germaine, que l’on devine enfermée dans un carcan rigide. Les décors sont bien plantés, les ambiances parfaitement décrites.
J’ai hâte d’ouvrir le second tome, qui est quelque part dans mes cartons, alors il me faudra attendre la rentrée !
Bon été à tous !