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Pierre Moscovici, ministre de l'économie et aussi président de l’ACSIA (Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile) a présenté ce mois-ci un rapport, appelé aussi livre blanc (à télécharger ici) qui devrait permettre d'enrayer le déclin du site automobile en France.
L'ACSIA regroupe une soixantaine de collectivités territoriales en rapport avec l'industrie automobile, Pierre Moscovici en est le président étant lui-même président de la Communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard où se situe l'usine Peugeot de Sochaux, les autres membres du collectif sont des élus ayant sur leur territoire d'autres usines importantes. Ils souhaitent tous une "nouvelle donne" pour l'industrie automobile et souhaitent une plus grande implication de l'Etat dans son avenir.
Ce rapport aurait pu s'intituler comment stopper le foutage de gueule du lobby automobile en France mais ce n'était pas politiquement correct. On grimace déjà dès l'introduction en lisant qu'une plus grande implication de l'état c'est plus de décision de la part de l'état "Depuis plus de 30 ans, tous les acteurs du territoire se mobilisent pour soutenir l’économie de la filière automobile française" qu'on pourrait traduire par "Depuis plus de 30 ans, la pompe à fric de l'état a subventionné la filière automobile française", tout ça pour en arriver à la situation d'aujourd'hui et les délocalisations. L'état est devenu complètement dépendant des constructeurs au fil des années tout en étant tenu à l'écart des décisions importantes.
Lors des premières rencontres de l’ACSIA à Montbéliard (les 1er et 2 décembre 2010), les élus soulignaient quasi unanimement « que voici 20 ans, nos collectivités subventionnaient les sites lorsqu’ils créaient des emplois. Puis nous nous sommes mis à leur accorder nos subsides pour qu’ils n’en détruisent pas. Désormais nous sommes dans une situation qui nous contraint à les aider pour qu’ils ne ferment pas. Il était urgent que des élus fassent le constat de la situation et qu'ils s’aperçoivent enfin qu'aider les constructeurs devient inutiles.
Si nous considérons qu’il y a urgence, c’est parce qu’il y a d’ores et déjà des doutes sous-jacents à propos de l’intérêt des interventions publiques locales et nationales, lorsqu’il faut faire voter une énième aide à l’industrie dans les différentes assemblées territoriales. Ne cachons pas qu’il devient clairement perceptible que, pour certains responsables politiques et économiques, aider l’automobile en France revient de plus en plus à soutenir une activité :
- qui détruit des emplois, - qui n’est plus pourvoyeuse de croissance, - qui ne permet plus de dégager des excédents commerciaux.
En d’autres termes : l’intérêt qui consiste à faire de l’industrie automobile une « grande cause nationale » décline … A mesure que la spécificité automobile de la France tend ainsi à faiblir dans les données statistiques et ce malgré la présence de deux grands constructeurs historiques, la légitimité de l’aide à l’industrie automobile au plan local décline également.
Ce rapport qui est destiné à tout les acteurs économiques publics et privés concernés par l'avenir de l'automobile en France a le mérite de proposer des solutions. Malgré tout je reste dubitatif sur les propositions du collectif, comment aider l'industrie automobile sans continuer à financer avec de l'argent public et pourquoi aider des constructeurs qui ne pensent qu'à la logique économique des actionnaires en privilégiant le low-cost pour réaliser toujours plus de profits sur le dos des salariés.
Ça ne m’empêchera pas de penser que l'industrie automobile n'a pas beaucoup d'avenir en France.