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EURO 2012 / Angleterre – Italie: les italiens au bout de la nuit.

Publié le 25 juin 2012 par Wtfru @romain_wtfru

EURO 2012 / Angleterre – Italie: les italiens au bout de la nuit.

Après la purge de France-Espagne, les quarts de finales reprenaient leur droit avec une affiche alléchante. Cet Angleterre-Italie, c’est le duel entre Hart et Buffon, entre Gerrard et Pirlo, entre Rooney et Balotelli. Bref, on avait de grandes attentes, et elles ont dépassé tout ce qu’on pouvait imaginer. Retour sur un match haut en couleur.

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Les deux entraîneurs, sans doute satisfaits de leur dernier match, n’ont opéré que très peu de changement dans leur onze type. Côté anglais, Roy Hodgson a reconduit la même équipe que contre l’Ukraine. Le retour de Wayne Rooney fait les malheurs de Andy Caroll et d‘Oxlade-Chamberlain, titulaires lors des deux premiers matchs de poule. Seule l’attaque change donc et les anglais peuvent s’appuyer sur une défense et surtout un milieu qui ont su convaincre tout le monde. C’est avec cette composition très offensive et très mancunienne composée de Young, Welbeck et Rooney que l’Angleterre affronte une Italie que très peu remaniée. Prandelli décide de reconduire sa défense à quatre après deux matchs à cinq derrière, De Rossi se replace au milieu mais le vrai changement reste la titularisation de Montolivo, véritable numéro 10 au détriment du parisien Thiago Motta, au tempérament plus défensif. A noter que ni Maggio, ni Giaccherini, titulaires lors des deux premiers matchs ne le sont sur ce match. L’attaque italienne reste identique et Balotelli et Cassano sont titulaires alors que Di Natale, fantastique buteur reste sur le banc.

Le match est alors commencé depuis seulement trente secondes que l’on sait qu’il sera meilleur que celui de la veille. En même temps, ce n’était pas trop compliqué. Ce sont les italiens qui se mettent en avant les premiers et qui monopolisent le ballon. Et c’est dès la 3ème minute que les frissons vont parcourir les corps de tous les supporters lorsque le poteau renverra une demie volée de l’extérieur du droit de De Rossi. Le centre en retrait de Marchisio est parfait, le geste du romain est limpide, Hart est battu. Mais le destin en décide autrement et le score reste vierge. Il restera encore vierge une minute plus tard alors que Johnson était tout prêt d’ouvrir le score sur une frappe à bout portant sans un arrêt réflexe et une main ferme de Gigi Buffon. Un début de match comme celui-ci procure plus de plaisir qu’un film qui rassemble Virginie Caprice, Clara Morgane, Katsuni et Octomum. Pour rappel (car oui on aime bien remuer le couteau dans la plaie), le France-Espagne a procuré autant de plaisir qu’un combat de boxe entre les Frères Bogdanoff et Susan Boyle. Après cette occasion, le jeu change sensiblement et ce sont les anglais qui se reprennent et qui mettent la pression sur la cage italienne. Les hommes de Prandelli n’arrivent plus à ressortir le ballon proprement et le côté droit anglais met le feu au côté gauche italien notamment grâce à un Johnson en pleine forme. C’est d’ailleurs ce Johnson qui trouva Rooney sur un centre parfait mais la tête plongeante du mancunien s’envolera au dessus du but. Les deux ou trois situations chaudes que se sont procurées les anglais n’affaiblissent pas les italiens qui, au contraire, mettent désormais le pied sur le ballon. Les occasions changent subitement de côté et Balotelli, lancé dans la profondeur par Pirlo, tarde trop et voit sa frappe contrée par le retour de Terry. Les rosbeefs sont repliés mais bien en place, ils ne prennent aucun danger défensivement. Mais ce n’est par pour autant que les bleus n’ont pas d’occasions. Ainsi, Hart débute ses exploits en arrêtant une reprise un peu trop molle de Balotelli. Sur le contre, un une-deux Rooney-Welbeck se termine par une frappe enroulée au dessus de ce dernier. Les spectateurs prennent leur pied, le score est peut être vierge mais les actions dangereuses se succèdent, surtout pour les italiens, et Cassano trouve les gants de Hart suite à une frappe de loin. Nos voisins de derrière les Alpes marchent sur l’eau à l’image d’un Pirlo extraordinaire de confiance et de précision. C’est d’ailleurs sur une action initiée par celui-ci que Balotelli fut tout prêt de marquer mais c’était sans compter sur les retours au dernier moment de Terry et Lescott qui dégagent en corner. Pas réalistes et face à un excellent Hart, les coéquipiers de Buffon buteront une dernière fois sur la défense anglaise à la 42ème minute, la frappe lointaine de Balotellin’étant pas assez bien placée. C’est sur cette domination italienne que la première période se terminera. Les joueurs ont su nous enchanter, les tirs au but se sont enchaînés sans jamais rentrer dans les filets. Mais comme on dit, tout vient à point qui sait attendre.

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Malheureusement, cette maxime ne se vérifiera pas en deuxième mi-temps. ‘Malheureusement’ n’est sans doute pas le mot, puisque les promesses des 45 premières minutes se confirment dès le retour des vestiaires. Les italiens repartent sur les mêmes bases et De Rossi, sans doute surpris de ne pas être hors-jeu après une remise de Marchisio , voit sa frappe taupée passer de peu à côté. Le 1 à 0 était tout proche. Il le sera aussi trois minutes plus tard lorsque Montolivo, à cinq mètres du but, voit sa frappe passer au dessus de la transversale. Outre ces occasions, ce qui interpelle le téléspectateur, c’est le fait que les deux équipes se battent comme des morts de faim pour récupérer le ballon. Tant d’envie, ça fait envie. L’enchaînement contrôle de la poitrine/retournée de Balotelli est un régal à voir. Mais le réalisme fuit toujours la Nazionale. C’est à ce moment là que Roy Hodgson décide de faire ses premiers changements à l’heure de jeu. Walcott et Carroll rentrent en lieu et place de Milner et Welbeck. Walcott pour la vitesse, Carroll pour le jeu de tête. Et les remplaçants vont se mettre en avant seulement quatre minutes après leurs entrées. Ainsi, sur un bon travail du gunner, Young hérite d’un ballon dans la surface mais son tir est trop écrasé et passe à droite de Buffon. Malgré cette aubaine qui se présenta aux anglais, le match semble avoir perdu en folie, en intensité. Toutefois, la précision est toujours de mise et les italiens dominent encore et toujours. Et les changements apportés par Prandelli (Diamanti et Nocerino à la place de Cassano et De Rossi) ne changeront rien. Le spectre de la prolongation s’élève à l’horizon, les italiens jettent toutes leurs forces dans la bataille et Diamanti, d’une frappe du gauche, puis Nocerino grâce à un beau combo contrôle/frappe dans la surface contré par Johnson, furent tout près du but. Sans réussite, encore et toujours. A deux minutes de la fin, Maggio remplace un Abate fatigué. Les prolongations sont là, à portée de main. Et ce n’est pas la retournée de Carroll qui changera la donne quoique cette reprise acrobatique ne manque pas de faire courir des frissons à tous.

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L’arbitre siffle la fin de temps réglementaire, mais le plaisir ne s’arrête pas pour autant. Oui, on pourra voir Pirlo dans ses œuvres trente minutes de plus. Voire plus.

Mais cette prolongation c’est aussi la chance de voir l’Italie continuer son assujettissement, de voir Balotelli tenter sa chance à plusieurs reprises et de voir Diamanti toucher le poteau suite à un centre-tir. Par ailleurs, les anglais continuent de défendre face à des ritals qui monopolisent le ballon, qui le font tourner sans jamais trouver la faille. On peut aussi remarquer que les crampes se font de plus en plus fréquentes, normal, nous jouons la 115ème minute. La physionomie du match ne changera pas durant les quinze dernières minutes, les centres se font de plus en plus nombreux. En vain. Enfin pas forcément en vain puisque Nocerino marque enfin à la 114ème minute avant que l’on se rende compte que le milanais est hors-jeu. Les tirs aux buts sont inévitables.

La séance sera épique. Les italiens se qualifient grâce à la barre de Young et à l’arrêt de Buffon. Le tir manqué de Montolivo n’aura aucune incidence donc et l’assurance des bleus, surtout celle de Balotelli et de Pirlo a fait des merveilles.

Balotelli : Réussi.

Gerrard : Réussi.

Montolivo : Loupé.

Rooney : Réussi.

Pirlo : Réussi. Pirlesquement réussi.

Young : Loupé.

Nocerino : Réussi.

Cole : Loupé.

Diamanti : Réussi.

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LES NOTES

ANGLETERRE :

Hart (7.5) : le gardien de City a longtemps retardé l’échéance en enchaînant les parades avant de se rendre à l’évidence : il n’a pas l’expérience de Buffon.

Johnson (6) : son début de match fut tonitruant nous laissant espérer une partie incroyable. Malheureusement, ses bonnes dispositions offensives ont vite disparu. Ainsi, il est apparu de moins en moins dangereux, de moins en moins en vue.

Lescott et Terry (6) : jamais pris à défaut dans le domaine aérien, les deux centraux ont été mis en danger par les ballons de Pirlo dans leurs dos. C’est sûr que la vitesse, ce n’est pas leurs points forts.

Cole (4) : il a inhabituellement passé son temps à défendre, ne dépassant jamais la ligne médiane. La seule fois où il l’a dépassé, c’était pour tirer son tir au but qu’il a lamentablement foiré.

Gerrard (6.5) : quand il n’est pas blessé, Steevie G est un joueur remarquable. Ses transversales, plus nombreuses qu’au challenge Téléfoot, sont un régal et son travail défensif est sans limite. Sans limite jusqu’à ce que des crampes fassent leur apparition.

Parker (6.5) : la tête haute, le port altier, un jeu rude, des bonnes passes. Scott Parker était dans la place. Henderson l’a remplacé en début de prolongation. La seule chose que l’on puisse dire sur lui, c’est qu’il a réussi toutes ses passes.

Milner (6) : éclipsé par Johnson en début de match, Milner a du beaucoup permuter entre droite et gauche avant de rester en place sur son côté de prédilection où ses rares centres ont apporté le danger dans la défense nerazzura. Remplacé par Theo Walcott à l’heure de jeu qui n’a jamais apporté la percussion tant attendue. (4).

Young (4) : « Ashley Yang », comme le dit si bien Denis Balbir, a fait plus de mal que bien à son équipe. Trop souvent oublié sur son côté, il s’est démarqué de ses coéquipiers grâce à un belle occasion à la 64ème et grâce à son travail défensif. Sans éclats toutefois. Pour couronner le tout, il envoie son tir au but sur la barre.

Rooney (5) : pas dans le rythme, Wayne Rooney a déçu. Privé de ballons, il a joué trop bas et n’a jamais pesé sur Bonucci et Barzagli.

Welbeck (5) : attaquant de pointe de l’Angleterre, Welbeck n’a jamais su fixer la défense italienne. Sans clous ni vis, Danny ‘Patex’ Welbeck est resté collé dans les starting-blocks. Bien triste. Remplacé à la 60ème minute par un Andy Carroll qui a passé son temps à pousser et à se faire pousser. (5).

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ITALIE :

Buffon (9) : une main ferme et un mental en acier. Sollicité dès la 4ème minute, il fut l’auteur de la plus belle parade de la compétition. Plus tard, lors de la séance de tirs au but, il fait l’arrêt nécessaire face à Ashley Cole.

Abate (6) : le milanais a su verrouiller son couloir lors des rares incursions anglaises dans celui-ci. Offensivement, il fut discret. Maggio qui le remplaça à la 91ème, le fut moins, discret.

Barzagli et Bonucci (7) : bien aidés par les attaquants anglais qui n’étaient pas dans un bon jour, les deux B furent plutôt tranquilles sachant que leur équipe dominait. Bons de la tête et jamais pris à défaut dans la profondeur, ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles ce soir.

Balzaretti (5.5) : de l’envie et des imprécisions.

Pirlo (155) : 155 comme le nombre de ses ballons touchés. 155, comme le nombre de fois où Pirlo a été dangereux. 155, comme la taille en cm de Valbuena. Mais Pirlo c’est 1m77 de classe, de précision, de générosité, de travail incessant. Le génialissime Andrea semble infatigable malgré son âge, ses passes derrière le dos des défenseurs anglais ont été un supplice pour Terry et Lescott mais un régal pour ses coéquipiers. Et comme s’il n’avait pas fait assez de mal aux anglais, il se permet une Panenka sur son tir au but. Magistral de bout en bout. Tu le veux le ballon d’Or ? Bah tiens.

Marchisio (6) : les anglais n’ont pas joué dans sa zone. Ou plutôt, les anglais ont déjoué dans sa zone. Italien le moins mis en avant, le juventini ne démérite pas pour autant. Il est le joueur italien le plus en retrait depuis le début de l’Euro. Il ne fait pas d’étincelles, mais il répond toujours présent.

De Rossi (7) : qu’il soit défenseur central, numéro 6 ou milieu défensif excentré, le romain se donne à fond tout le temps et ne laisse aucune chance à ses adversaires de passer. Il sort visiblement fatigué après une telle débauche d’énergie à la 79ème pour Nocerino qui marque un but qui sera refusé pour hors jeu. Par la suite, il inscrit son tir au but. Bout de match parfait. (7).

Montolivo (6) : il a la coupe de cheveu et le serre-tête de Modric mais ce n’est pas pour autant qu’il a sa qualité de passe. Très en vue en première période, il fait ce que l’on attend pas de lui. Des fois les adversaires sont surpris, mais d’autres fois ce sont ses coéquipiers qui le sont. Sa prestation reste bonne malgré le fait qu’on l’ai moins vu en deuxième mi-temps et malgré son tir au but tiré à côté.

Cassano (5.5) : toujours électron-libre de la Nazionale, Cassano a tourné autour de Balotelli. Et s’il a beaucoup joué avec lui, ses passes ont été plutôt mauvaises. Ce déchet inhabituel a desservi l’attaque mais l’entrée de Diamanti à la 79ème minute a quelque peu changé la donne. Surtout que celui-ci a trouvé le poteau sur un centre-tir en prolongation. Gros plus, c’est lui qui donne la qualification à son équipe en marquant le dernier tir au but. Pas mal pour un joueur qui évolue à Bologne. (7).

Balotelli (6.5) : le monde dominé par les Mario, Monti, Gomez, Chalmers, Bros. Mais dans ce match Mario Balotelli n’a pas dominé les débats. Et même s’il s’est crée beaucoup d’occasions, il a pêché dans la finition en tentant des choses impossibles et improbables. De plus, il n’a pas craqué en marquant son tir au but alors qu’il était le premier tireur.

Les demies-finales de l’Euro 2012 sont désormais connues, il s’agira de Portugal-Espagne et Allemagne-Italie. Un pronostic pour la finale ?

Au fait Andrea Pirlo a 33 ans ? Hasard ou coïncidence ?

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