C’était l’époque de la présidence Eisenhower et du triomphe de la poupée Barbie. Mais le jeune Bob Dylan ou la teenager Joan Baez, à 16 ans, se cherchaient d’autres modèles. Et voilà qu’en 1957, Kerouac réussit
enfin à publier « Sur la route » et propose : détente des tensions sociales et des interdits sexuels, simplicité matérielle, disponibilité à l’instant.
Jack Kerouac et Allen Ginsberg lisant un livre en 1959
© Getty Images – 2012 / John Cohen
Son livre devient un best-seller, ses recommandations des mots d’ordre : déplaçons la vie, qu’elle n’ait plus de bords !
La bande que Jack formait avec quelques autres jeunes écrivains -Ginsberg, Burroughs…- et autant de mauvais garçons se voit désignée comme a « Beat Generation ». Ginsberg, poète mais fine mouche sensible aux aspirations du moment, cherche ensuite à assigner le groupe sous ce nom et il le couve de son mieux -un peu comme une mère juive, disent les mauvaises langues.
Mais il en est souvent ainsi dans l’histoire culturelle. Qu’on se souvienne, en France, des impressionnistes, des
existentialistes… La désignation sous un nom commun sème le malentendu, la visibilité qu’elle provoque soudain devient rapidement une tyrannie. Les pionniers de la Beat Generation se trouvèrent ainsi contraints de faire ce
qu’on attendait d’eux et Kerouac en mourut, noyé dans l’alcool et la solitude.
Il n’empêche. C’est le lot du mythe de « Sur la route » de finir en caricature, c’est sa chance de pouvoir revivre chaque fois qu’un nouveau lecteur en approche.