Et hop, un coup de
gueule et puis s’en retourne ; un coup de gueule suffira-t-il ? Il y a quelques jours, quelques semaines un Petit Théâtre de Marionnettes Parisien me fait parvenir le dossier artistique d’un
spectacle en préparation ainsi qu’une annonce que je dois faire « tourner à mon réseau » . La Compagnie cherche une marionnettiste pour sa nouvelle création. Jusque là tout va bien
mais, c’est lorsque je lis que pendant les répétitions la marionnettiste ne sera pas payée que tout se corse ; parce que vous comprenez, pendant les répétitions, le danseur, le
marionnettiste, le comédien, l’artiste ne mange pas. Il se fait plaisir et quoi de plus… Comme dit Christian C., l’artiste quand il ne joue pas, il se met au congélateur ! Certes, dans ce
cas précis, il sera payé au moment des représentations (une deux, trois et cinq, puis douze..) pour le reste du temps, sa faim il se la mettra dans sa poche et sa soif… il n’en
a pas… . D’ailleurs, y réfléchissant je me demande si la compagnie, ne ferait pas bien, de faire payer les gens qui prennent du plaisir avec elle plutôt que de dire « Les répétitions
commenceront dès le 25 mars (et oui, c'est très urgent!) jusqu'au 18 avril inclus, puis du 6 mai à début juin. Malheureusement, les répétitions ne seront pas payées. Elles se dérouleront à la
maison de la culture et du développement de G. » Et puis la voila qui rajoute « 5 représentations rémunérées auront lieu la première quinzaine de juin, et une
douzaine de représentations (rémunérées aussi) sont déjà prévues pour la saison prochaine. Pour plus d'informations, je vous mets en pièce jointe le dossier du spectacle. » Non,
Non et Non !!! Je ne dis pas que cette compagnie ne doit pas travailler, je dis qu’elle doit offrir des conditions dignes de travail ou alors se positionner en tant que compagnie amateur ou
semi-pro et le faire savoir.. Et le Théâtre qui fait tourner l’info lui, devrait essayer d’éclairer ses messages ou tout au moins les sélectionner...
Voilà pour mon coup
de gueule, nous vivons une époque… Ecrivant cela, je me dis que non, ce n’est pas fini…Vous racontant cela, je me dis, que ce qui me pose problèmes c’est pas tant le cas de cette
compagnie (cas à vrai dire représentatif aujourd’hui de ce que les institutions appellent « les émergents » ) ; ce qui me pose problème c’est plutôt que nos
professions n’ont pas réussi à créer des cadres de professionnalisation qui permettent aux jeunes créateurs de travailler dignement. Par ailleurs, La Compagnie ne devrait-elle pas adapter sa
création à ses moyens ? Ne devrait-elle pas imposer à ses partenaires de diffusion des « pré-achats ou des co-production ». Les partenaires de production, ne devraient-ils pas
vérifier le professionnalisme de ceux qu’ils accueillent ? Nous vivons dans un monde formidable, pas besoin de gens extérieurs pour nous tuer, artistes, nous nous suffisons à nous même parce que
tu comprends coco, si je le fais pas, d’autres le feront à ma place alors, je préfère être accueilli sans un rond, ne pas payer les gens avec lesquels je travaille, et me faire voir, parce que tu
comprends coco, quand on m’aura vu, même gratuitement, même si je paie pour être vu, on saura que j’existe alors que si j’attends d’avoir les moyens pour créer, je ne crée pas…Nous vivons dans un
monde formidable, je le sais et ne le reconnais pas.
De ce système beaucoup de monde profite mais, pour combien, de temps encore ? Je reviendrais vite pour râler encore... Je sais, tout n'est pas blanc, tout n'est pas
noir mais, celui qui "paie tout" voie d'un mauvais oeil celui qui procéde autrement...