Nicole Bricq a été victime des enjeux pétroliers en Guyane... et vient d'être remplacée par Delphine Batho qui devient notre nouvelle ministre de l'Écologie.
Nicole Bricq, qui n'avait pas bien compris pourquoi elle avait été nommée ministre de l'Ecologie par le Premier ministre Jean Marc Ayrault, vient d'être remplacée par Delphine Batho, anciennement ministre déléguée à la Justice, et elle aussi inconnue dans le monde écologique. Notre nouvelle ministre conserve pour l'instant le même titre, à savoir : Ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.
La chute de Nicole Bricq
Nicole Bricq a été déplacée du ministère de l'Ecologie vers le Commerce extérieur jeudi lors du remaniement ministériel. Elle s'est en effet retrouvée au centre d'un gros raté politico-industriel et paie notamment aujourd'hui le prix de son opposition au forage pétrolier piloté par plusieurs groupes pétroliers en Guyane. Le coût total du projet, qui réunit Shell (45%), Total (25%) et Hardman Petroleum (27,5%), a été évalué entre 4 et 8 milliards d'euros.
La ministre avait annoncé - conjointement avec son homologue chargé du Redressement productif, Arnaud Montebourg - une "remise à plat" de tous les permis d'exploration pétroliers et gaziers, en attendant une refonte du code minier. Elle a ensuite refusé de signer des arrêtés actant le démarrage des travaux d'installation de la plateforme en Guyane. Cette décision inattendue qui a été saluée par les associations de défense de l'environnement a cependant déclenché la colère à Matignon. Mme Bricq a ainsi payé sa position sur les permis de forer en Guyane... La compagnie pétrolière Shell a d'ailleurs reçu le lendemain les autorisations qu'elle espérait pour démarrer les travaux de forages pétroliers.
Qui est Delphine Bato ?
- Présidente de la FIDL (1990-1992)
- Vice-Présidente de SOS Racisme (1992-1998)
- Chargée de mission sécurité au Conseil Régional d'Ile-de-France (1999 - 2007)
- Auditrice à l'Institut National des hautes études sur la sécurité intérieure (17ème session - 2006)
- Secrétaire nationale du Parti socialiste chargée de la sécurité (2004-2008)
- Députée des Deux-Sèvres (élue en 2007)
Nicole Bricq est ainsi remplacée par une femme qui sera peut-être une très bonne ministre... mais qui n'a aucune compétence particulière dans le domaine de l'environnement.
Le ministère a précisé dans un communiqué :
" La ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie a pris ses nouvelles fonctions. L'écologie est un enjeu planétaire mais aussi un levier pour sortir de la crise, améliorer la qualité de vie des citoyens et la justice sociale. La politique du gouvernement, conformément aux engagements du Président de la République, sera celle de la social-écologie. La ministre a pris connaissance des dossiers. S'agissant du code minier, elle réaffirme l'engagement du gouvernement de le refondre : cette refonte est une priorité. Les travaux engagés seront poursuivis. Les associations non-gouvernementales y seront pleinement associées.
Cette refonte a pour objectif de renforcer les procédures de concertation des populations concernées par les demandes de permis d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures préalablement à leur autorisation. Elle permettra d'imposer des garanties de protection de l'environnement aux meilleurs standards. Elle permettra enfin d'assurer une parfaite transparence dans l'instruction et la délivrance des permis et des autorisations.
La ministre rencontrera dès les prochains jours l'ensemble des organisations non-gouvernementales concernées pour poursuivre la préparation de la conférence environnementale. Son directeur de cabinet sera M. Pierre Cunéo, son conseiller spécial M. Jean-Paul Albertini et sa directrice adjointe Mme Paquita Morellet-Steiner."
Jean-Vincent Placé, chef de file d'Europe Ecologie-Les Verts au Sénat, a estimé que "l'éviction" de Nicole Bricq était le "premier bémol" du gouvernement Ayrault. "C'est le seul portefeuille qui a changé, c'est quand même un drôle de message", a-t-il déclaré vendredi sur Europe 1, demandant des explications au Premier ministre.
Un drôle de message oui... car le fait est que le nouveau gouvernement vient effectivemment de céder face à la pression des pétroliers... ce qui n'est vraiment pas une bonne nouvelle pour l'écologie.
Mathilde Emery