L’avantage avec cette société du spectacle permanent, c’est qu’elle offre tous les jours de bonnes raisons de rire. C’est souvent jaune quand, moyennant une micro-dose de lucidité, on se rend compte que les dirigeants nous font rire en sabotant toujours plus nos libertés, mais le doute n’est plus permis : le rythme de la rigolade s’accélère. Voici un petit pot-pourri des derniers spectacles que l’actualité nous offre.
Dans la catégorie Combat de Catch feutré et Bras de Fer, on retrouve l’inénarrable président normal dans une lutte sans merci ni Danke avec la chancelière allemande. Jusqu’à présent, le chef de l’exécutif français s’est pris, avec une belle régularité, râteau sur râteau, et n’aura récolté qu’une fin polie mais parfaitement ferme de non recevoir. Il a donc décidé d’entraîner d’autres larrons dans ses tentatives de racket de l’Allemande. De ce point de vue, l’organisation du sommet de Rome, avec Monti l’Italien et Rajoy l’Espagnol, participe de cette stratégie d’acculer Merkel à un accord qui sera quoiqu’il arrive défavorable à l’Allemagne.
La manœuvre a d’ailleurs réussi : alors que les idées ridicules du président français faisaient au mieux pouffer de rire, au pire agaçaient une bonne partie de l’Europe du Nord, le trio d’aigrefins est parvenu à obliger la pauvre Angela à souscrire au principe pourtant stupidissime de combattre une dette européenne kolossale en s’endettant subtilement de 130 milliards d’euros supplémentaire.
Au passage, le président normal a donc proposé aux Européens de claquer une nouvelle piscine olympique de billets frais (c’est la saison des jeux, ça tombe bien) à hauteur de 130 milliards, alors que du temps de Sarkozy, cette somme aurait été jugée bien trop faible. Rappelons que pour le seul pays français, le président anormal avait claqué dans la plus grande décontraction un bon 35 milliards d’euros avec un grand emprunt dont on peine toujours à voir, deux ans plus tard, les effets bénéfiques. Du point de vue du moutontribuable, les éjaculations financières incontrôlées du père Hollande sont donc moins riches et plus supportables puisque portées par une plus grande quantité d’assujettis fiscaux. Mais on peut déjà gager que le résultat sera à la hauteur des précédentes tentatives : nul pour la croissance, et négatif pour tout le reste à commencer par les finances publiques.
Mais ce n’est pas grave ! Pendant tout ce temps, la galerie a été amusée, le président a fait son travail normal, des gestes ont été posés, de l’encre a séché sur des protocoles d’accords engageant l’argent gratuit des autres, bref : le spectacle continue, dans la joie à peine étouffée de ceux qui en bénéficient directement.
Pour les gueux autres, le petit peuple, on accorde en échange quelques jours de bacchanales colorées et l’affaire est dans le sac.
Et ça tombe bien, la semaine dernière, pendant que la bourse jouait au yoyo, que les taux de crédit de l’Espagne s’envolaient, que les banques françaises étaient dégradées par Moody’s, la fête de la Musique aura permis à toute la foule festive et citoyenne d’oublier ses problèmes en se trémoussant sur les rythmes endiablés de la soupe musicale improvisée par des myriades de branleurs subventionnés.
Enfin, oublier, c’est vite dit.
Pendant que son pouvoir d’achat part en quenouille sous les coups de boutoirs vigoureux de nos élites qui s’emploient à le grignoter avec toujours plus de hargne, le peuple voit aussi sa simple sécurité largement entamée, notamment dans les occasions festives où racailleland rencontre bobocity.
Mais rassurez-vous. Pour des raisons évidentes de vivrensemble joyeux, la soiréeEt pour la Direction de la Sécurité dans l’Agglomération Parisienne, « globalement calme » se traduit très concrètement par un mort et 187 interpellations dont 135 gardes-à-vue.
Oui. Un mort et 135 personnes collées au gnouf pour autre chose que du tapage ou un peu d’alcoolisme d’ambiance sur voie publique…
Une question effleure immédiatement l’esprit du lecteur curieux : à partir de combien de morts et de combien de gardes-à-vue considère-t-on que la nuit n’a pas été « globalement calme » ? 12 morts ? 300 gardes-à-vue ? Le cumul des deux ? Une bataille rangée au RPG sur le boulevard Sébastopol à Paris ? Un siège à 200 racailles devant un commissariat ?
Mais là encore, et bien que le crescendo dans l’absurde croît sans cesse, ne vous inquiétez pas : the show must doggedly go on et tout ça.
On ajoute de la dette à de la dette pour nous éviter les déboires liés à trop de dettes ? Qu’à cela ne tienne !
Votre sécurité n’est plus assurée et vous vous faites dépouiller alors que vous bougiez le popotin dans la moiteur de la nuit parisienne ? Peu importe !
Au moins, l’Union Européenne a une réponse à tous vos soucis. Probablement pas LA réponse, et certainement pas celle que vous pourriez attendre, mais elle a une réponse, qui permet de terminer ce billet gentiment WhatTheFuck? par un mélange délicat de ringardise, de hors-sujet et de sexisme, le tout bien évidemment payé par vos impôts, taxes et autres ponctions.
Tout se résume au petit clip suivant. Comme vous ne le découvrirez vraiment qu’à la dernière seconde, il s’agit de promouvoir la place des femmes dans les sciences. Et pour ce faire, le clip s’emploie donc à présenter trois aimables pétasses qui bricolent du maquillage et des potions colorées sur un fond de musique électronique avant, je suppose, d’aller en boîte, engloutir un vodka-GHB ou deux et se retrouver nue le lendemain matin dans un appartement inconnu dans une banlieue pourrie avec une migraine épouvantable et quelques ecchymoses.
Encore une fois, les institutions européennes se seront surpassées en matière de communication.
On se souvient que la Commission avait déjà tripoté l’Epic Fail avec brio dans un précédent clip montrant une femme blanche se faire agresser par la diversité qu’elle repoussera grâce à l’utilisation conjointe de bisous et de spandex jaune.
De la même façon, le Parlement avait lui aussi tenté de laisser une marque débile et indélébile dans les mémoires avec son petit clip expliquant la crise du point de vue du législateur impuissant. Au moins, il prenait ouvertement le contribuable pour un gamin, ce que les clips de l’autre institution auront tenté de camoufler avec maladresse.
Une question me vient à l’esprit : pourquoi l’Europe doit-elle promouvoir l’accès des femmes à la science ? Et pourquoi ne devrait-elle pas, par souci d’égalité entre les sexes, faire un clip équivalent pour promouvoir l’accès des hommes au droit, dans les hôpitaux et d’autres administrations, où ils sont maintenant minoritaires ?
Sous des dehors colorés et résolument festifs, n’est-ce pas clairement faire du sexisme que de ne s’occuper ainsi que des femmes ? N’est-ce pas clairement antinomique avec le vivrensemble que promeuvent vigoureusement toutes les institutions, depuis les européennes jusqu’aux nationales, départementales et même cantonales par le truchement de petites associations de quartier tétant goulûment de la subvention ?
Et au passage, le sentez-vous, ce parfum de n’importe quoi qui envahit maintenant crescendo toutes les colonnes des journaux, tous les discours compassés de nos dirigeants, tous les reportages, toute la communication d’une élite complètement dépassée ?