Petite surprise d’entrée de jeu, la version Live clearée du morceau. Je vous passerai le fait qu’il faut évidemment avoir la chance de le vivre ce live, d’autant plus que la track n’est vraiment pas la plus jouissive de ce dernier : une première moitié telle qu’elle (basses amplifiées et jeu de rythme avec le chant) puis la suite couplée avec Stress + l’éternel sample emprunté à Scenario Rock, le tout se terminant en fondu. Pas exceptionnel donc, peut-être un avant-goût d’un probable album live (fingers crossed), qui fait plaisir aux oreilles.
Un rapide bilan sur les remixes composés pour le duo : seuls quelques-uns sortent du lot (si ce n’est pas fait, foncez m’écouter le D.A.N.C.E. des compères Braxe/Falke) ; on ne la fait pas à Justice. Qu’en est-il ici ?
DJ Falcon (ou Falcon tout court pour les intimes), référence en House music et notamment co-auteur des cultissimes Together et So Much Love to Give avec son complice Bangalter (1/2 Daft Punk). Le faucon signe ici un remix très ambiance qui débute comme une berceuse, allégé de ses couplets, très agréable à écouter et qui introduit à merveille les deux suivants. Des voix vaporeuses nous conduisent vers un orgue qui se réveille sur les deux dernières minutes, et la track glisse doucement vers quelque chose d’un tantinet plus pêchu pour finir subitement. Bon remix !
Le québecois A-Trak, grand pote de Busy P, c’est du très bon (le récent Piss Test) et du moins bon (Duck Sauce, à écouter dans tous les bons supermarchés), mais c’est avant tout un grand nom dans le monde de l’électro hip-hop. C’est aussi un nombre ahurrissant d’EP/Singles/Remixes/Mixtapes (notamment pour la Fabric) au compeur au point de faire passer SebastiAn pour un débutant. Ce champion de la DMC à 15 ans nous a concocté un remix à la frontière entre bourrin et mystérieusement doux. New Lands se revêt d’un apparat club qui lui va ici à merveille tant son remixeur maîtrise l’enjeu qui est de ne pas trahir Justice. Après son départ aux sons de marche romaine, on a l’excellente impression que le morceau est diffusé dans un stade olympique, ponctué de ‘hey !’ à la Polka et autres micro-sifflements, le tout réverberé. Accrochez-vous, les 12 travaux d’Hercule commencent… Très, très, très bon !
SebastiAn et ses kicks percutants saupoudrés de nappes crasseuses mais bossées nous livre ici un remix minimaliste et un poil décevant (vous me pardonnerez, mais j’en attendais certainement trop). SebastiAn nous propose donc un remix somme-toute minimaliste à l’enrobage hip-hop, qui accumule et amplifie les effets au fil des minutes, une mélodie aiguë un peu prise de tête en arrière-plan, le tout foutant un petit coup de mou dans l’EP. L’esprit de la compo originale n’est pas pour autant perdu (certainement grâce à la voix de Phalen peu modifiée, même si le chanteur semble performer dans unune bouche d’aération), mais on ne vibre plus car il faut tout de même attendre la fin du morceau pour entrer dans le délire et hocher la tête. L’ensemble se veut froid, gris, fade… quelque part “trop facile” pour une prod SebastiAn, non ? On commence sérieusement à en déceler les ficelles (mélodie en boucle, cut-up vocaux, micro-riffs de guitare et longues notes qui s’étendent en background ; pour faire simple). Suis-je le seul à regretter une Nâdiya sauvagement/brillamment ruinée aux cut-up, des Ratpure agrémentés d’une lourde basse, ou encore des Kills aux beats surpuissants ?… Ceci n’engage évidemment que moi. Appréciez donc cet énième remix à sa juste valeur, c’est-à-dire celle que vous lui accorderez. D’autant plus que l’on peut voir en ce remix une très bonne conclusion à l’EP.
En bref, le dernier EP Justice, c’est une version Live qui fait rêver, deux excellents remixes et un SebastiAn qui déçoit un peu mais qui ne s’en sort pas trop mal… c’est donc à posséder dans votre collection Ed Rec. Le clip, sur fond de motos et jeux de balle (on parle d’un “sport inventé”) devrait sortir dans la foulée (apparemment le 28 juin), je l’espère d’aussi bonne qualité que les précédents : sobre, lisse, épuré et tutti quanti.