La hausse du prix du tabac trouve des justifications diverses mais elle amène aussi des effets pervers pour les irréductibles de
la nicotine et autres produits chimiques associés.
Leur comportement change, créant ainsi des surprises de type sociologique ; la générosité et la convivialité du fumeur s’estompent face à une soudaine aumône, laissant place à la consigne
suivante en guise de politesse :
« va t’acheter tes cigarettes ! »
Le fumeur a perdu de sa superbe, renvoyant ce qui lui reste de fraternité aux oubliettes, elles-mêmes encrassées d’anciens mégots gisant là depuis des lustres.
Dès lors, réapparaît le marché noir du tabac blond, sorte de discounter officieux du buraliste syndiqué et gréviste pour l’occasion.
Le fumeur voyageur refait aussi surface, alléché par les détaxes des paradis fiscaux voisins, comme quoi le tourisme peut être relancé par des mesures nationales dont ce serait un effet
occulte.
Reste une nouvelle catégorie de fumeurs , ceux qui, rebelles et intègres refusent l’acquittement des taxes étatiques par une sanction sans appel, le ramassage de mégots.
Tels des brocanteurs et chineurs en tout genre, ces fumeurs, les mégoteurs, arpentent les rues, les terrasses de café, les quais de gare en quête d’essence tabagique préfumée.
Leur but, le recyclage des vieux mégots et leur classification avant réutilisation sous forme de néocigarettelabellisée.
Par exemple, une blonde King size, n’est autre qu’une cigarette dont le tabac provient d’un mégot écrasé par le talon aiguille d’une femme blonde, propre sur elle et par surcroît de grande
taille ; c’est un label de qualité !
En revanche, une malbarrée est issue de résidus de mégot piétinés maintes fois dont la teneur en goudron ferait pâlir une autoroute ! Moins conseillé donc !
Une Maurice est une petite cigarette de bonne facture, tombée de lèvres bourgeoises saines mais handicapée par la perte de son alter égo Philippe ; du coup, elle est moins
chère !
Les mégoteurs relancent ainsi une nouvelle économie par leurs échoppes virtuelles et peut-être bientôt matérielles, qui sait !
Mais attention les succédanés de fumeur, SDF, risquent de croître en grand nombre pour une simple histoire de taxe.
Espérons que tout le monde cessera de fumer pour appauvrir l’Etat, qui à son tour taxera l’alcool davantage, puis l’essence, jusqu’à ce nous ne consommions plus rien et alors….là ça devient
compliqué ! ! !
©Cébéji