Alors que la recherche contre le cancer porte de plus en plus sur les virus anti-cancéreux, cette étude internationale, menée par l'Université de Leeds et financée par le Cancer Research britannique montre que ce type de thérapie pourrait représenter une voie élargie d'ici quelques années seulement. Car si le mode d‘administration suggéré aujourd'hui est l'injection de ces virus directement dans la tumeur, une injection via la circulation sanguine permettrait l'adaptation d'un tel traitement aux tumeurs non localisables ou non accessibles. Ces conclusions, publiées dans l'édition du 13 juin de la revue Science Translational Medicine, marquent une première étape plutôt prometteuse.
Le « réovirus » (visuel ci-contre) déjà connu pour ses propriétés anticancéreuses pourrait être injecté dans le sang pour atteindre les cellules cancéreuses sans se faire détruire préalablement. L'étude a donc impliqué 10 patients atteints de cancer de l'intestin, qui devaient subir une chirurgie en raison de la propagation de leur tumeur au foie. Les patients ont reçu le réovirus par injection dans le sang, 6 à 28 jours avant leur intervention. Après l'intervention, les chercheurs constatent que le virus a fait son chemin à travers les cellules sanguines mais est passé inaperçu du système immunitaire. Le virus est bien parvenu à pénétrer les cellules cancéreuses du foie, mais a bien moins atteint les cellules saines : Ainsi, le réovirus a été identifié dans les cellules tumorales hépatiques de 9 des 10 patients et dans les cellules hépatiques saines du foie de 5 des 10 patients, mais à des niveaux inférieurs à ceux constatés pour les cellules tumorales. Cela suggère que le virus peut cibler spécifiquement les cellules cancéreuses chez certains patients, mais pas chez tous. Ce qui reste un obstacle important à surmonter.
La preuve du concept: Cette étude à stade encore précoce montre la capacité du virus à échapper au système immunitaire pour cibler les cellules cancéreuses, mais elle ne montre pas que le virus peut détruire les cellules cancéreuses. C'est donc une preuve de concept de la technique utilisée pour « livrer » le virus aux cellules cancéreuses. Cependant, qu'il s'agisse de chimiothérapie, de radiothérapie ou de « traitement viral », l'enjeu est de développer des thérapies qui ciblent spécifiquement les tumeurs afin de limiter les effets néfastes sur les tissus sains.
Le réovirus est actuellement testé dans des essais cliniques de phase III, et pourrait, selon les chercheurs, être utilisé comme une thérapie du cancer dans les 3 années à venir.
Source: Sci Transl Med 13 June 2012: Vol. 4, Issue 138, p. 138ra77 DOI: 10.1126/scitranslmed.3003578Cell Carriage, Delivery, and Selective Replication of an Oncolytic Virus in Tumor in Patients. (Visuel Vanderbilt “Three-dimensional image of a reovirus particle”)
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