Indispensable téléphone, ce sans fil qui nous lie à nos copines, nos collègues, notre famille et nos amants. Addict, je le suis, même lorsque je pars à Bordeaux, pour un rendez-vous dans un salon professionnel, pour parler décoration, pour rénover un nouveau loft parisien. Rien ne justifie cette indéniable envie de continuer à écrire des consignes déjà laissées par email à mon équipe, à envoyer à mon adolescente de fille des petits sms inutiles dans sa galaxie nombriliste actuelle. Je me dois de communiquer, je me fais rappeler les consignes de sécurité avec les sorties « à l’avant, sur les ailes, à l’arrière » et celle de coupure des mobiles. Je dois continuer, ne jamais couper.
D’ailleurs devrais-je dormir, pour recevoir en plus les messages de mon compte FB, les actualités sans contenu, sans style de mon twitter, de mes twitters, pro et perso. Je suis aussi les actualités de mes marques préférées sur Pinterest, je suis branchée, je ne peux vivre sans. Mon téléphone n’est jamais loin de ma douche, je veux savoir.
Et dans mon grand sac besace, informe, rempli de rien, de mouchoirs, de mes trois eye-liners, dont un Dior jamais utilisé, de mes crèmes, de mon portefeuille débordant de tickets, de note de frais, de mes deux brosses pour mes cheveux mi-longs, de tout et donc de presque rien. Je sors deux magazines, mon Cosmo et mon Grazia, je retire mon second téléphone, au cas où, je peux noter sur un mini-carnet façonné par ma fille, la plus jeune, avec un magnifique « pour maman » en lettres dorées. Je veux garder ce lien, mon voisin sourit face à mon addiction, à cette envie de classer les messages inutiles, si nombreux, ces abonnements à des sites inutiles, sauf que sont ceux-là qui transmettent parfois la tendance, l’objet qui fera craquer une cliente. Alors je me gave de ces informations, aussitôt lues, aussitôt jetées. Je suis une consommatrice d’informations, pas vraiment de la connaissance, mais bien des bribes de trucs, de machins et quelques choses, dans une pluralité chaotique. Ce tout devient des idées, pour aujourd’hui, pour demain.
J’éteins à regret mon téléphone, après la remarque très insistante de l’hôtesse et le regard approbateur de mon voisin. Je vais lire, mais déjà après avoir fouillé deux minutes dans mon sac, je ressens l’envie de pianoter mon clavier tactile.
Tout autour de moi, les personnes dorment ou lisent, naturellement. J’ai tant envie de partager des mots, des messages courts avec mon entourage. Et si finalement, ils avaient raison d’être déconnectés. Modernité ou addiction, snobisme rampant et dévoreur de temps, je devrais prendre du recul, un week-end sans internet, sans téléphone, une chambre d’hôtel, une balade sur la plage, avec lui, simplement.
Mais ce salon de thé a-t-il wifi ?
Nylonement