Il y a dix jours nous avons été nombreux à découvrir le documentaire événement de Marie Dominique Robin, Le Monde selon Monsanto. La réalisatrice nous a offert une enquête minutieuse et documentée, démontrant par quels jeux d'influences et de pressions la société Monsanto (propriétaire de 90% du maïs transgénique) parvenait à imposer l'usage des OGM dans le monde entier, contre l'intérêt des populations. A l'issu du film un débat était proposé sur le plateau d'Arte en présence de José Bové, du Dr. Renate Sommer, députée européenne et de Christian Vélot, chercheur en biologie moléculaire à l'université d'Orsay. On apprenait en ouverture de ce débat que ce chercheur était lui-même soumis à des pressions de sa hiérarchie. Ecoutez-le.
En effet, Christian Vélot donne de son temps pour vulgariser ses connaissances. Il ne se prive pas de faire état de ses craintes relatives aux OGM, des amalgames qui sont communément opérés, et il souhaite, en transmettant son savoir, protéger les gens contre les manipulations (mentales). Il le dit aussi sur Arte.
Son travail est scientifiquement reconnu. L'une de ses conférences a même servi de document de travail lors du Grenellede l'environnement. Sa démarche est citoyenne. Engagée, c'est évident, mais certainement pas de façon irrationnelle.
« On m’a ensuite accusé de "cracher dans la soupe". Mais si on ne peut plus, en tant que scientifique critiquer la science, cela veut dire que la science n’est plus la science, c’est une église ! »
Une argumentation que ne démentiraient en rien les penseurs des lumières. C'est pourtant bien pour cette raison que son équipe sera exclue d'Orsay à la fin 2009, ses crédits pour 2008 ont été supprimés, les thésards qui devaient le rejoindre ont été affectés ailleurs. La directrice de l'institut, interrogée par Libération, explique que sa hiérarchie lui a demandé de ne pas s'exprimer sur ce sujet. Elle lâche tout de même que Christian Vélot « ne partage pas le projet scientifique de l'Institut » et qu' « il se place en position de victime ».
Pourtant, le 11 mars dernier, jour même de la diffusion du documentaire de Marie Dominique Robin, le gouvernement français s'est finalement décidé à interdire pour une année la culture du seul maïs transgénique autorisé en France jusque-là, le MON810 de Monsanto en s'appuyant sur la clause de sauvegarde européenne. N'est-ce pas pourtant au même sommet qu'aboutissent les deux pyramides hiérarchiques qui d'un côté virent Vélot, de l'autre invoquent la clause de sauvegarde ? En l'occurence Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ?
Il existe une pétition en ligne pour défendre ce chercheur citoyen, elle sera clôturée aujourd'hui, mais je ne sais pas à quelle heure.