Cette intro ne parle pas du tout du vendredi de Kilbi. Vous êtes donc autorisés à passer direct au reste du récit. Mais on tenait tout de même à mentionner que c'est chouette parce que lors du concert de Brian Jonestown Massacre au Bad Bonn mercredi passé (c'était incroyaaaable, oui, mais là n'est pas le sujet), on a été bien contents de voir que la déco de la Kilbi était toujours debout. Déco, késako? En fait, chaque année, une équipe met sur pied une sculpture géante dans l’enceinte du festival. L'an dernier, c'était un cube en caisses à bouteilles de bière Cardinal. Cette année, c'étaient des diamants en bois énorme, éclairés au VJing qui changeant ainsi de couleur au fil des projecteurs. Évidement, pas de risque pour les festivaliers car les constructeurs font en sorte que la chose soit bien stable ("schtabil"). Cette riche idée offre un agréable point d'appui aux dos des festivaliers fatigués et fait aussi partie de l'identité du rendez-vous. Imaginez un peu si les autres s'y mettaient, on aurait peut-être droit à des gants de boxe géants encadrant le lac du Malsaucy. Ou bien un arc-en-ciel énorme s'étalant au dessus du public de la scène de la plage, sur lequel on pourrait gambader comme des licornes. Ca ferait toujours plus d'ombre que les troupes de théâtre ambulant des Eurocks. Mais venons en plutôt aux faits.
BAD BONN KILBI 2012
31, 32, 33 mai, Düdingen
(deuxième partie)
Vendredi 32 mai: Metronomy oustiti
Après une première soirée pour se mettre en jambes, on est arrivées déjà à moitié cassées à Kilbi, pour un deuxième round très pop. Il faisait toujours beau et chaud et nous l'avons bien senti dans les bouchons qui ont ralenti notre route nous faisant rater Aïe Ca Gicle. Parait que c'était pas mal. Ce qui est sûr c'est que nous avons finit par arriver juste à l'heure pour la découverte de la journée - Station 17 - ainsi que tous les bons (et moins bons) restes.
Comme on l'a dit, on a commencé tout de suite fort le deuxième jour de festival en trouvant les allemands Station 17 ("schtatzion sibzéne") sur la grande scène. Bon groove, jolis sourires, les gars sont pour la plupart atteints de handicaps mentaux. La mention fait tout de suite penser au projet social cucul la praline sauf que là, non. Les accordéons et autres triangles pour occuper les mains ont été relégués au placard et laissent place à de vrais, bons musiciens et chanteurs. On ne vibre pas de la corde sensible parce qu'ils sont particulièrement attendrissants (quoique si quand même un peu) mais parce qu'il ont tellement, tellement de plaisir à être là que ça transpire de partout. Ca manque parfois, ce plaisir contagieux, me semble. Cela dit, sous forme d'enregistrement, le projet est quand même un brin moins intéressant. Mais après leur prestation musicalement vraiment cool et tellement pleine d'enthousiasme, on ne pouvait que les aimer. A tel point qu'on a eu de la peine à trouver de quoi se contenter devant Moonface. Dommage parce que ce groupe là, en revanche, passe pas mal en CD. Une qualité qui est à nouveau moins évidente avec les "afro-punk" Jagwa Music un peu plus plus afro que punk donc difficilement écoutables à l'infini. Mais en concert, ne serait-ce que pour les danses du boule des meufs figurantes, ça valait bien la peine. On a essayé de les imiter mais c'était pas très réussi je crois.
On ne débattra pas infiniment le sujet "est-ce mieux d'être bons en studio ou en concert" ici. Mais on peut tout de même mentionner le fait que, depuis le For Noise 2010 (et aussi depuis qu'on a un peu oublié leur joli album Vexations), Get Well Soon ont fait de sacrés progrès niveau live. La violoniste aux airs de première dame toute soignée jouait vraiment bien, les cuivres sur "5 Steps / 7 Swords" ont fait frissonner comme il se doit et puis Konstantin aka je-n'ai-toujours-pas-de-sourcils a même fait des blagues. Une nouvelle réconciliation après les fantastiques Fai Baba du jeudi. A ce rythme, on va bientôt se mettre à aimer tout les groupes finalement après coup. Qui sait. Sauf peut-être s'ils ne sont vraiment pas sympas tels le Lee Scratch Perry à casquette dorée, insultant et crachant partout. Belle humeur pour une soi-disant icône du babylone-ganja-peace-man. Le pire de tout c'est qu'on n'a même pas échappé à "I Chase the Devil". Je sais pas vous mais cette chanson me donne vraiment envie de me suicider.
Puis il y a eut Dieter Meier, un ancien de Yello qui se prend désormais pour Zucchero (en mieux, quand même) et raconte des histoires en suisse-allemand. C'était sympa mais un peu chiant alors on a passé notre chemin pour tenter d'aller voir Dimlite dans la petite, minuscule salle du Bad Bonn mais comme le machin est toujours blindé on s'est posés histoire de reprendre des forces avant Metronomy. Metronomy qui, même après x concert ne lassent toujours pas. Metronomy ou "oh tiens, je n'avais jamais remarqué que le bassiste est hyper sex en fait". Metronomy la pop pote qui te prend par la main et puis tu vois pas le temps passer. Le groupe qui fait un gros coup avec "Corinne" qui ne nous avait jamais semblé aussi cool qu'à ce moment là. Et puis au bout d'un moment, on a quand même eu mal aux pieds à force de sautiller partout comme des singes alors le concert s'est achevé et c'était parfait ainsi. Ne restait plus que les Demolition Blues pour clore en beauté cette soirée. Menés par un sosie de Hagrid, les petits suisses ont fait dans le blues qui met en transe, basse lancinante et jolies impros de guitare (coucou Fabian Fai Baba). C'était pile le bon moment et ça passait super bien. Vous pouvez vous refaire la prestation à domicile avec ça, dans l'obscurité ou avec des lumières tamisées.
En somme pour cette deuxième soirée : vive Metronomy, vive les allemands, les vieux c'est sympa un peu mais pas trop et merci le groove d'exister. On avait aussi hâte du jour d'après.
Photo diamants: Jeremy
Photo "ombres chinoises": Franz Wüthrich
Photo Metronomy: Tristan
L'année prochaine je reprends mon appareil photo.