Magazine Société
Le groupe volailler Doux est en vente et cherche un repreneur.
L’aumonier du groupe prie Saint Doux pour que le racheteur ne soit pas allemand mais plutôt Qatari !
Leader européen de la volaille, le groupe familial Doux, basé à Châteaulin (29) fait vivre 3.400 salariés et collabore avec près de 800 éleveurs de gallinacés !
- Il ne s’agirait pas de le voir déplumé, lance Stéphane Le Foll notre nouveau sinistre de l’Agriculture, c’est un fleuron de notre secteur primaire. Il faudrait que la finance le câline assez ! J’en appelle aux partenaires banquiers : formez un pool et d’un don sauvez nous Doux ! Enfin un don avec intérêt, mais le plus faible possible !
Mais comment Doux en est-il arrivé là ?
Au départ Pierre Doux se démarque de son père spécialisé dans l’ail :
- Non papa, je ne ferai pas de vieux aulx ! Je ferai dans le poulet ! Et le poulet vaut l’ail !!
Aussi, dès 1955, Pierre Doux (j’évite de le citer par ses initiales) construit son premier abattoir à Port Launay (29), près de Châteaulin. Doux tait sans douter les cassandres qui lui prédisent la catastrophe. Il a raison ! S’ensuivent de belles années de croissance au cours desquelles Doux s’implante en Espagne (Usine à pollo) et en Allemagne (au clair de l’Huhn). Il a même suffisamment de blé pour acheter sa marque « Père Dodu ». Les multiples ventes par lots de 6 poulets rendent Doux zen.
Mais, erreur stratégique, Doux traverse l’Atlantique et acquiert la société Frangosul en 1998 au Brésil ! Mauvais cheval ! Il aurait dû se méfier ! 1998 : le Brésil vient de se prendre un 3-0 face à la France en finale de la Coupe du Monde de football ! La vengeance sera terrible !
Doux se fait torpiller au Brésil : le marché s’avère très difficile et il ne bénéficie pas des aides brésiliennes à l'exportation (maudit français !). Il ne peut pas payer ses éleveurs de galinha (poulet en portugais) et accumule les dettes au passif de son bilan.
La contagion pandémique d’endettement s’étend en France, pour d’autres raisons. Le groupe, spécialisé dans la volaille standard, connaît «une forte baisse de ses exportations en 2005-2006 à cause de la grippe aviaire, celle qui nous vient d’Hong-Kong (le fameux H5N1)
Doux douché s’en remettra. Mais après une embellie doucereuse Doux se rase les bénéfices en raison de la flambée du cours des céréales, base de l'alimentation des volailles. Nous sommes en 2010 et la grande distribution refuse de répercuter cette hausse dans les prix.
Doux doué cherche à se maintenir en percevant les aides à l’exportation de l’UE pour chacun de ses 700 éleveurs en contrat (54,9 millions d’euros en 2011). Il se procure un joli petit cash-flow sur le dos des subventions tandis que l’éleveur perçoit un revenu moyen annuel de 25.000 € ! Quand ce dernier veut négocier Doux le met au parfum : pas de transactions ; Doux glace !! Inutile de chercher à le caresser dans le sens de la plume : peu d’âme a Doux, hé !!
- Doux poussin peu, s’exclame un éleveur, il paie tardivement mais encaisse l’oseille de l’Europe ! Il a plein de dettes et ses comptables se perdent aux dus !
Il faut croire que cette oseille n’a pas suffi à renflouer une trésorerie volatile. Les gens de l’abattoir sont abattus ; vont-ils perdre leur emploi ? Les éleveurs craignent aussi pour leurs débouchés : l’avicole n’est plus la vie cool. Et pourtant la rentabilité est au rendez-vous ! C’est une dette monstrueuse (plus de 430 millions d’euros) qui paralyse la gestion et mince est (de dinde) l’espoir de la dégonfler !! Le trésorier qui ne veut plus signer de chèque en blanc quête…des subsides ! Viendront-ils ?
Selon le magazine LSA, Père Dodu pourrait être vendu à Terrena. Ce groupe possède déjà la marque Douce France (cher poulet de mon enfance). LDC, leader de la volaille en grande distribution avec ses marques Loué, Le Gaulois et Maître Coq, pourrait reprendre les abattoirs de volailles dédiées à la viande fraîche, dans le but d'accroître ses parts de marché.
Doux pourrait donc être revendu à la découpe à de multiples repreneurs. Si cela pouvait préserver les emplois !!