Un beau programme, et un lapsus calamini.
"Voir disparaître" : le beau lapsus ; juste qu'à présent quand quelqu'un, quelque chose disparaît, on ne le voit plus. "Voir disparaître", cache en fait comme d'habitude s'agissant de la misère que celle-ci soit matérielle, sociale ou sexuelle, que l'on veut cacher cette misère sous le tapis pour ne plus la voir.
Une obsession des intégristes catholiques
L'intégrisme catholique a deux obsessions : l'argent et le sexe. C'est le Mal. Pourtant la figure de la prostituée qui s'est rédempté (Marie Madeleine) doit être épargnée. Contradiction primaire, on accepte la prostitution, si la prostituée revient dans le droit chemin et en l’occurrence dans la litière du chef de file. L'argent, lui reste immoral, sa moralisation passe par l'achat des indulgences, ou plus exactement par la charité et la pénitence. On sait ces affaires d'indulgence auront sur le schisme protestant. Contradiction secondaire : ma main droite ignore ce que fait ma main gauche (« Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta droite, en sorte que ton aumône demeure secrète ; et ton Père qui voit dans le secret te le revaudra. » Saint Matthieu.
Le travail est rédempteur, mais nous n'oublierons pas que le christianisme est une religion d'esclave. Il s'agit du travail et non de sa rémunération. Un travail ne peux être lié au plaisir, sinon il n'est pas rédempteur, c'est cela aussi la leçon du christianisme. La prostitution ne peut être un travail.
Associer dans une seule et même personne, argent et sexe, les deux obsessions de l'intégrisme catholique c'est trop... La rédemption de la prostituée ne peux venir que de la dénonciation du client, du regret d'un travail non rédempteur et du don de l'argent indûment gagné.
Vérité en France, Silence autour des stades, Silence sur le tourisme sexuel
Le socialiste hurle avec le loup catholique contre la prostitution (qui se trouve dans sa visibilité être étrangère) sur le sol national. Pourtant quand les féministe de Femen se font agresser, arrêter alors qu'elles dénoncent le lien constant entre football et prostitution personne ne dit rien. Il y aura plus de commentaire sur la défaite de l'équipe de France que sur la moralité à engager une équipe dans une telle compétition. Vérité en France, mensonge autour des stades ?
"Nos" agences de tourisme convoient chaque année des hordes de vacanciers vers des destinations dont on mesure mal l'intérêt culturel, historique ou plus prosaïquement touristique. Le seul intérêt à en regarder les photos sur les brochures semble être la consommation sexuelle (dont le prix est trop bas pour parler d'échange monétaire ?). Nous ne voyons aucun acte (fermeture administrative des agences de voyage) et peu de paroles (sauf rarement pour dénoncer la prostitution de mineur-e-s).
Que veut-on interdire ?
En apparence, c'est simple, l'intégriste catholique veut interdire l'échange sexe contre argent. Dans la réalité cela va être beaucoup plus complexe. A partir de quand pourra-t-on dire qu'il y a échange d'argent ? Le bourgeois qui installe et entretient une maîtresse rentre-t-il dans ce cadre ? A l'inverse qu'en est-il du mariage bourgeois ? (voir ici, relire Léon Blum et Balzac).
On veut interdire la marchandisation du corps, soit, mais la pornographie et l'érotisme n'est-ce pas l'échange d'un corps (ou de son image) contre de l'argent ? Pour revenir au sport et plus exactement au sport professionnel, n'est-ce pas exactement la même chose ?
Une arme qui se retournera contre les féministes
Le sous-jacent du discours féministe c'est que la dépravation masculine empêche la libération de la femme. Pourtant, nous voyons qu'au fur et mesure que l'égalité réelle entre dans la réalité sociale que "les" femmes se comportent comme "les" hommes (plus exactement nous y retrouvons les mêmes types de comportement dans toute leur diversité). La figure du gigolo est désormais familière au même titre que la maîtresse (celle qui est dûment rémunérée). Alors le gigolo subira-t-il le même sort que la prostituée, car soyons sans fard, il est de haut de gamme tout comme l'accompagnatrice... Enfin la couguar est une figure sympathique dont la misère affective se comble dans une jeunesse dûment dédommagé en biens, en emploi ou en monétaire...
L'enfer est pavé de bonne intention
Nous le savons, les législations prohibitionnistes ont toujours la même conséquence, le produit, le comportement interdit circule sous le manteau loin des regards ("je veux voir la disparition"), mais il engendre un besoin de protection qu'est prêt à offrir un nombre important d'organisation criminelle. Nous payons lourdement la prohibition des drogues, nous payerons (au centuple ?) celle de la sexualité rémunérée. Certes les mafias sont déjà très présentes, elle ne le seront que plus. Les travailleuses (et travailleurs) du sexe n'en seront que plus enfermé dans un monde parallèle.
Un nouveau siècle courtois
L'amour courtois est peut être de retour. (lire ici aussi, ou ici encore, ou là)
Avant d'aborder quelqu'un, il faudra s'excuser de le faire, puis de préciser qu'il est possible de refuser l'invitation, puis de la formuler.
Il faudra, de suite, si l'on invite la belle ou le beau à boire un verre, indiquer que les frais seront partagés etc, etc, etc...
L’avantage du sms, c'est qu'il laisse des trace et donc de preuve en cas d'zou !
La société courtoise est de retour, il n'est pas certain que la cause des femmes y gagne quoi que ce soit
Pour Georges Duby, il ne faut cependant pas voir dans l’amour courtois une promotion de la femme : c’est un jeu masculin, éducatif, où les jeunes hommes, pas encore mariés (les jovenes, les jeunes, comme Henri le Jeune, pas encore établis), maîtrisent leurs pulsions et leurs sentiments, comme ils apprennent à maîtriser leur corps dans un tournoi (ce qui n’exclut pas qu’ils laissent libre cours à leur libido avec des femmes de rang inférieur). De plus, la femme est une proie ; celle qui est la cible de l’amour courtois des jeunes est souvent l’épouse du suzerain, qui la donne en enjeu. Les jeunes cherchent à séduire la dame pour mieux plaire à leur seigneur, mais aussi pour mieux se différencier du peuple vulgaire, et des bourgeois, qui peuvent les concurrencer financièrement, mais pas culturellement5. Enfin, certains auteurs comme Jean de Meung, dans sa continuation du Roman de la Rose, utilise un vocabulaire ordurier vis-à-vis des femmes6. (repris d'ici)
Des peurs et des fantasmes
Chaque société a ses peurs et ses fantasmes, la notre qui a pourtant fort d'autre chose à faire se focalise sur la prostituée de trottoir et celle des forum Internet. La droite a chassé celle des trottoir au fond des bois, la gauche chassera celle de l'Internet loin des moteurs de recherche. Il ne sera plus rien donner à voir. La morale aura gagné, la raison peut être moins. Ce qui est certain c'est que le dé est jeté et la fin est certaine : il n'y aura pas de Jésus pour empêcher la lapidation de la femme adultère. Après l'affaire DSK, pas un politique n'entravera la marche du féminisme contre la prostitution...