Morano se défend

J’ai tendance à considérer comme raciste toute expression où le déterminant du nom d’un groupe humain est un article défini, alors que c’est seulement l’article indéfini qui convient. Ainsi, s’il est licite de dire que « des enseignants sont paresseux », car il doit être possible d’apporter la preuve de cette affirmation, on n’a pas le droit de substituer à ce des un les. On attribuerait ainsi à la totalité des membres de ce groupe une caractéristique rencontrée chez certains d’entre eux.

Ce jeudi 21 juin, sur Canal+, dans l’émission C à vous, Nadine Morano s’est maladroitement défendue contre les accusations de racisme dont elle a fait l’objet : « Me faire passer pour quelqu'un qui serait raciste, alors que j'ai des amis qui sont justement arabes, et dont ma meilleure amie qui est tchadienne, donc plus noire qu'une Arabe, je trouve ça choquant » .

En somme, cette  malheureuse se targue d’avoir des amis arabes ou noirs, comme si pour d’autres il était normal de tenir de telles personnes à distance. D’ordinaire, on justifie la mise à l’écart de certaines catégories de gens en leur attribuant une caractéristique donnée, positive ou négative : les uns seraient voleurs, d’autres fourbes, d’autres doués pour les affaires, et ainsi de suite. Mais cette pauvre Nadine plonge aux racines mêmes du racisme : des Arabes ou des Noirs sont parfois exclus tout simplement parce que physiquement différents. Et elle semble ainsi adhérer à une échelle de valeurs fondée sur la couleur de la peau puisque cette amie est « plus noire qu’une Arabe » ce qui, à mes oreilles partiales, sonne comme « pire qu’une Arabe  ».

On condamne souvent le racisme en affirmant que les races n’existent pas. Est-ce à dire que, si les races existaient, on aurait le droit d’établir une hiérarchie entre elles ? Il est vain, et surtout inexact, de nier le fait que nous sommes tous différents. Mais ces différences n’autorisent pas à décréter que certains groupes humains sont supérieurs quand d’autres seraient inférieurs.