Quelle révolte seulement
se fomente et chaque matin
s’inverse en douceur
nous lapons le sel tombé
de la veille déclinant vivre
à l’insoluble de quoi
(Extrait de “Un jour ou l’autre”, ed. Rougerie)
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L’arrivée du printemps
Wang Wei assis
sous un pin torsadé
au bord du torrent
nuque percée
d’un rayon de soleil
dessine en l’air le signe
de toutes les joies connues
à la première feuille
qu’il sent poindre
dans son dos
(Extrait de “Avant longtemps”, ed. Rougerie)
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Marche vers la fin de l’hiver
Par ses reflets la neige élague
aulnes et bouleaux
démêle un fouillis de ronces
détachées d’un ciel blafard
de grandes plaques jonchent l’étang
les éclats nous tailladent les chaussures
colline après colline
on parcourt des futaies limpides
sur un chemin sans ornières ni bornes
de l’horizon le soir expulse
une laine écarlate
qu’on se l’enroule autour du cou
elle brûlera jusqu’au silence
les quatre vérités en travers de la gorge
Inédit Printemps des Poètes
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Extrait de DEMAIN LES FOURCHES
A l’approche des meules roses
Le vent s’enfonce
Et naître s’efface au fond de pays neigeux
Il fait clair entre les arbres
Plus haut sur les sentiers bruns
Le Wanderer rêve
Et caresse le lobe du soir et l’inutile
En ses détails lancinants
L’inversé feu descend du ciel
Ouvre aux portes de l’étang la mesure et la tristesse
Et toutes choses d’hiver
Que sa langue ne retient
La clairière a roué son coeur
Et la nuit progresse hors du chemin
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