Pitch :
Philippe Abrams est directeur de la poste de Salon-de-Provence. Il est marié à Julie, dont le caractère dépressif lui rend la vie impossible. Pour lui faire plaisir, Philippe fraude afin d'obtenir une mutation sur la Côte d'Azur. Mais il est démasqué: il sera muté à Bergues, petite ville du Nord Pas-de-Calais...
Avec Dany Boon aux commandes de ce « Ch’ti film », c’est toute la région Nord Pas-de-Calais qui retenait son souffle à la vue d’une bande-annonce alléchante et diablement drôle. Deuxième réalisation du comique « As’baraque », l’histoire débute pourtant sur une idée de base assez classique (voire convenue) : Un directeur de la poste parachuté dans un univers qu'il ne connait pas, va petit à petit apprendre à détester, puis aimer la région et ses habitants au langage si particulier…
Le film rentre directement dans le vif du sujet en exposant brièvement la situation de Kad Merad (demande de mutation, problèmes de couple etc.) et en nous proposant d’emblée, 45 minutes de franche rigolade. Les dialogues sont percutants, caustiques et le « voyage vers l’enfer » de Mr Abrams se termine en apothéose lors de son arrivée tardive à Bergues (avec une des meilleures scènes du film dans l’appartement – non meublé). A vrai dire, on est tout de suite comblé devant un Kad Merad excellent en dirlo blasé et apeuré autant que devant un Dany Boon criant de sincérité et d’optimisme. Soulignons d’ailleurs, l’apparition de Michel Galabru qui s’offre lors d’un court monologue quelques unes des meilleures répliques du film.
Pourtant, passé ces trois premiers quarts d’heure, on ressent comme un « coup de mou » autant dans le scénario que dans le comportement des personnages. L'amourette de Dany Boon avec la comptable est d’une relative banalité, tandis que la tournée du facteur en équipe traine indéniablement en longueur. Malheureusement, c'est à ce moment que l'on se rend compte que les gags commencent à tourner un peu à vide. Les événements s'enchaînent parfois sans logique et tout est hallucinant de simplicité (« Bon alors les biloutes on fait quoi ce soir !! » – Vous en connaissez vous, des directeurs de la poste qui agissent comme ça le vendredi soir avec leurs employés ?). Ce sont donc encore et toujours les dialogues qui font mouche et permettent au film de l’emporter au final.
Globalement, on pourra regretter que l’image du Ch’ti demeure maladroitement trop appuyée. Davantage de finesse dans le traitement du propos l’aurait fait gagner en dynamisme et en profondeur émotionnelle. Pour exemple, la fameuse « gamelle » représente une tradition Nordiste bien ancrée dans les consciences et bien représentative d’un mode de vie « comme dan’ch Nord ». A l’opposée, vouloir absolument placer tout le vocabulaire Ch’ti et tous les clichés sur la région Nord Pas-de-Calais ne me paraissent pas opportun ni pour les personnages (qui perdent alors en consistance en s’éparpillant dans certaines postures) ni à l’histoire (qui se banalise face à ce comique de répétition).
En définitive, Bienvenue chez les Ch’tis est un film réussi qui, même si la réalisation est sans surprise et la fin connue dés les premières minutes, parvient à distraire ses spectateurs sans trop de difficulté. Maintenant, l’éclat de rires reste anecdotique, cela du en partie au manque d’inventivité de la seconde partie du film (même si la scène du barbecue reste sympathique). L’engouement pour le film reste encore difficile à expliquer (plus de 13 millions de spectateurs à ce jour (?!) mais il est vrai qu’un cinéma populaire de cette trempe fait réellement du bien à tout le monde.