Camille Chamoux est sur la scène quand nous entrons dans la salle. Elle écrit dans un carnet, un journal intime. De temps en temps, elle lève les yeux, nous regarde nous installer et nous fait signe, comme si elle nous reconnaissait. Qui sommes-nous pour elle ? Des inconnus ? Des amis ? De vieilles connaissances ? Elle serre quelques mains, se présente : « Bonjour, moi c’est Camille. Camille Chamoux, avec un x ». Et nous ouvre son journal intime, commencé à l’âge de 7 ans : « Cher Journal… ».
Mais ce n’est pas un spectacle nombriliste. Peut-être générationnel. La génération X. Elle est « née sous Giscard ». Pas de chance : de Gaulle, Pompidou, Mitterrand, ça aurait eu plus de prestige. Et de nous rappeler la musique de cette époque, la bande à Basile, Carlos et le Big Bisou, Anne Sylvestre… Le portrait qu’elle fait des plus que trentenaires d’aujourd’hui, de leurs parents et de leurs enfants est drôle, oui, et légèrement mélancolique. L’institutrice a des mots qui nous font rire, l’ado ferait presque peur. Et elle, au milieu, nous fait prendre conscience que les enfants des années 70 ont appris le sens du mot « fatigue », et que ce qu’on lui disait dans son enfance ne serait peut-être plus compris par les enfants d’aujourd’hui, qui ne confondraient pas une pomme et un escargot.
Un regard souligne l’étonnement, l’ironie ; les cheveux lui sont un accessoire très expressif : sur le côté droit, ou sur le côté gauche, ou devant les yeux.
Elle n’a plus le ton de Camille Attaque, son one-woman-show précédent. Le spectacle me semble plus construit, plus fluide. Elle nous parle, chante et, soudain, danse.
J'ai vu ce spectacle au Ciné 13 Théâtre, à Paris, dans le cadre du Festival « Mises en capsules ».