Vernissage le 26.06 à 19h en présence de l’artiste
Selon la formule du critique d’art Jean-Pierre Criqui, l’art donne à penser en même temps qu’il donne à voir une pensée. Dès lors, comment interpréter celle de John Cornu ? Comment du moins saisir le sens de ses oeuvres et appréhender la nature du contexte qui les informe quand on les découvre dans l’exposition noires, géométriques, minimales, a priori donc peu loquaces, mais paradoxalement puissantes, violentes, voire pour certaines d’une cruauté paroxystique ? Pour Paul Ardenne, l’art de John Cornu a ceci d’élégant qu’il laisse le visiteur faire son propre chemin face à l’oeuvre en lui « ménageant une porte de sortie », sans s’imposer. Pourtant, difficile de ne pas saisir immédiatement le potentiel d’étrangeté morbide de l’exposition et des ses oeuvres quand le titre lui-même annonce déjà le pur champ de bataille qui se
Au Parvis John Cornu propose un scénario sensible et mental qui réagit aux particularismes du lieu. On le sait, l’artiste travaille en étroite relation avec le milieu dans lequel il évolue. On dit de lui qu’il est un artiste « contextuel », qu’il s’attache aux réalités des espaces investis en agissant dans des univers bien concrets. Ainsi, « Viser la tête » évoque tout autant la violence, la paranoïa et le spleen ressentis par l’artiste lors de sa première visite dans le centre d’art que le devenir traumatique du lieu qui dans quelques mois verra ses murs littéralement tomber en raison des travaux engagés pour la réfection du centre commercial qui l’abrite.
L’ensemble de sa proposition est traversé par des forces contradictoires, d’un côté la radicalité des formes minimales et des codes de l’art conceptuel, de l’autre l’expression intense de la fureur et du désespoir des romantiques. Là, Lautréamont, l’enfant du pays, et Arthur Rimbaud avec son Dormeur du Val, s’invitent dans l’exposition et racontent en filigrane les guerres et les souffrances qui ravagent régulièrement l’humanité…
Alors, rien n’est plus contextuel que cette exposition aux élans guerriers qui se déroule dans une ville de garnisons militaires.
« Viser la tête » joue donc de l’opposition entre des propos d’un sentimentalisme exacerbé et des formes d’une rigueur radicale. Bien entendu, les choses ne peuvent pas être aussi univoques et comme le dit John Cornu lui–même « il n’y a pas le conceptuel d’une part et le sensible ou la forme de l’autre ». L’un est en effet indissociable de l’autre et c’est avant tout en mariant les contraires pour faire surgir de multiples sens