3,8/5
Inespéré.
Le mois de juin étant traditionnellement chez moi assez contraignant, je n’imaginais pas trouver un créneau valable pour aller au cinéma. Et puis cela s’est fait, tout naturellement.
Pourquoi avoir choisi le Prénom, alors ?
D’abord parce que la pression de fin d’année nécessitait forcément un peu de détente. Ensuite en raison de l’excellente cote de ce film, qui a suscité beaucoup d’enthousiasme même chez nos blogueurs les plus sévères (classé 49e au mois de mai au Palmarès Interblogs, excusez du peu !). Et puis la proximité de la Fête du cinéma impliquait qu’on réserve quelques séances à d’autres films. La surprise de voir que le Prénom était toujours à l’affiche a fait le reste.
Qu’en est-il donc ?
Eh bien c’est assez surprenant. Malgré qu’on en ait, la bande annonce avait su plaire et engendrait l’envie : le fameux « prénom » n’était pas révélé mais on voyait à quel point cela pouvait pourrir les relations dans une famille. Le cadre, les personnages fortement connotés, les interprètes immédiatement sympathiques achevaient de convaincre : le Prénom ne pouvait être qu’une réussite. Or, bien que j’aie vraiment apprécié ma séance, j’ai été surpris à rire moins souvent que je ne pensais : le film est drôle, furieusement drôle parfois, mais est plus éloigné de la farce et du vaudeville qu’on aurait pu le croire de prime abord. Concentré sur son sujet, écrit avec méticulosité et un certain raffinement (les libertés prises avec la caméra et l’ajout de quelques séquences au script n’empêchent pas du tout de deviner la pièce de théâtre à l’origine du film), le métrage distille quelques répliques acerbes avec un entrain et une malice assez roboratifs. Les liens familiaux, les amitiés d’enfance et les valeurs sociales (quelle que soit l’appartenance politique) y sont mis à mal et on n’est jamais loin d’un clash permanent : pourtant, à chaque fois, la tension retombe et on rebondit sur un autre sujet, une autre polémique – et surtout, un autre bouc émissaire, une autre tête de Turc car c’est ainsi que progressent les disputes : il suffit de faire dévier la tension (et donc l’attention).
En outre, alors que c’est tout de même plutôt formaté (on s’y retrouve très vite dans ces échanges et il y a peu de surprises réelles dans les révélations), les auteurs ont eu la délicatesse de nous lancer quelques fausses pistes histoire de délayer le suspense et de détourner les soupçons : malin, je vous dis. Et inutile de préciser que les comédiens semblent véritablement s’amuser à l’écran : on retrouve même par moments cette forme de complicité qui n’est habituellement décelable que sur les planches. Mention spéciale à Valérie Benguigui dont l’abattement est inversement proportionnel à la hauteur de sa voix (la pauvre finit quasiment aphone).
Un petit mot sur les décors : la quasi-totalité du huis-clos se déroule dans l'appartement d'un
prof de Français à la Sorbonne. Il y a des livres partout. J'ai adoré (Cachou, si tu me lis...).
Au final, ces violentes querelles entre amis, où l’on use volontiers des astuces les plus perverses pour taper là où cela fait mal, démontrent paradoxalement la puissance et l’importance des liens familiaux ou amicaux : les protagonistes, mis à nu devant leurs pairs, ridiculisés et bafoués, n’en ressortent pourtant pas fragilisés. Attention ! Pas de morale dégoulinante de bon sens ici, juste un constat assez délicat et élégant sur ces délicieux travers de nos relations sociales et de ce lien si fort qu’il transcende les barrières les plus infranchissables.
Caustique et rassérénant.
Je vous invite à aller voir chez d’autres blogueurs du Palmarès ce qu’ils en ont pensé :
- Chez Frédéric Gobillot, qui a beaucoup aimé.
- Chez Marco Ze Blog, qui a également apprécié.
- Chez Neil, qui a plutôt aimé malgré certaines réserves sur le point de vue des auteurs.
Le Prénom
Mise en scène
Alexandre de La Patellière & Mathieu Delaporte
Genre
Comédie
Production
Fargo Films, TF1, M6 et Chapter 2, distribué par Pathé
Date de sortie France
25 avril 2012
Scénario
Alexandre de La Patellière & Mathieu Delaporte d’après leur pièce de théâtre
Distribution
Patrick Bruel, Valérie Benguigui, Charles Berling & Françoise Fabian
Durée
109 min
Support
HDDC
Image
2.35 :1 ; 16/9
Son
VF 5.1 DD
Synopsis :Vincent, la quarantaine triomphante, va être père pour la première fois. Invité à dîner chez Élisabeth et
Pierre, sa sœur et son beau-frère, il y retrouve Claude, un ami d’enfance.
En attendant l’arrivée d’Anna, sa jeune épouse éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale... Mais quand on demande à Vincent s’il a
déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos.