Baptisé par ses concepteurs “lumière du futur”, le lampadaire éolien dont plusieurs prototypes sont déjà installés dans les rues d’Issy Les Moulineaux (Ile de France), n’aurait pu être mieux nommé. Hybride, il associe deux énergies complémentaires : l’éolien à axe vertical, et le solaire photovoltaïque. Problème récurrent dans le domaine, le stockage de l’énergie est assuré par quatre batteries de 12 V-100Ah procurant ainsi 4.8 kWh. Voilà un exemple de solution viable à long terme, qui prouve par l’exemple que l’implantation de micro générateurs dispersés peut concurrencer une production centralisée. Voilà un concept catastrophique pour les distributeurs de courant conventionnel, dont la France est un représentant exemplaire par le biais de sa filière nucléaire. Car la consommation éléctrique de l’éclairage urbain n’est pas des moindres : une commune de la taille de Nantes, par exemple, avec ses 270 000 habitants, éclaire tout de même 530 kilomètres de voies à l’aide de 27 000 points lumineux !!
“micro-centrales” : la pertinence de la production décentralisée
Sur Windela, l’architecture des pales, à axe vertical, évite le bruit dû au frottement du vent. «Il n’émet pas plus de 12 décibels, l’équivalent d’un chuchotement à 2 mètres», affirme Pierre Henricot, ingénieur de la société Expansion et Développement qui commercialise cette innovation.
Le «kit» éolien surmontant ce lampadaire démarre seul, dès un souffle de vent de 2 m/s (voire moins), s’auto-ralentit jusqu’à s’arrêter automatiquement si le vent enfle trop (à partir de 20 m/s). Le mât est, lui, conçu pour résister à des bourrasques de 200 km/h. Le modèle d’Issy-les-Moulineaux s’est bien comporté lors des coups de vent de janvier, selon le service de la mairie chargé de l’expérimentation.
Le lampadaire n’est pas raccordé au réseau, l’autonomie du lampadaire Windela étant assurée pour 4 à 5 jours, grâce aux 4 batteries enchâssées dans le mât. Elles sont au plomb, d’une durée de vie d’environ 5 ans, à Issy comme à Grenoble. Celles au lithium (autre option), plus chères, auraient une durée de vie d’environ 10 ans.
De nombreux débouchés
Ce lampadaire a suscité un vif engouement depuis sa présentation au Salon des maires 2007, car il a l’avantage de s’implanter sans trop de génie civil et d’utiliser des diodes électroluminescentes (LED) plus économes et réputées dix fois plus résistantes qu’une ampoule classique. «Il n’y a pas de câble à tirer, des espaces protégés tels les parcs naturels sont donc intéressés», constate François Besse d’Expansion et Développement. Le SETRA (Services d’études des routes et autoroutes, sous tutelle du ministère des Transports) devrait en accueillir trois.
Éclairer routes et autoroutes est un autre débouché possible. Il devrait apparaître bientôt sur un parking de supermarché à Neuilly-sur-Marne. Ses concepteurs rêvent de le voir le long du canal du Midi, à Toulouse, à Maisons-Laffitte, à Guermantes. Une vingtaine d’autres villes seraient sur la liste. Le passage du prototype à la fabrication en série est un point clé. Or, les industriels spécialisés dans le «petit éolien» se sont raréfiés, tandis que les inventions candidates à l’industrialisation foisonnent actuellement. Ainsi, Philips a mis au point un autre lampadaire éolien, mais raccordé au réseau celui-là.
Il y a toutefois des inconvénients : les batteries et les LED contiennent des polluants. «Nous avons un accord avec un garagiste pour le recyclage des batteries et avec Recylum, pour celui des LED», précise toutefois GEG. Cependant, la filière de recyclage est en gestation pour les LED et celle traitant les batteries au plomb bat de l’aile depuis qu’une directive européenne tend à l’éliminer partout.