our après jour, les vagues de spéculation orchestrées par la finance internationale ébranlent les états. Jour après jour, les licenciements et fermetures d'usines se multiplient, corrélativement à la razzia financière organisée principalement par les « Zinzins », investisseurs qu'on dit institutionnels. Lesquels, banquiers, assureurs et même certains états via des fonds souverains, parient sur des valeurs en mettant toutes les chances de leur côté pour gagner. Conséquences : le trading haute fréquence, la vente à découvert, le jeu à la baisse, les fluctuations permanentes...Bref, une immense déstabilisation des peuples, dont les moyens économiques sont soumis aux caprices de l'argent. Caprices qui n'ont aucun rapport avec la dynamique des besoins des individus et des sociétés mais tout avec l'usure, dans sa forme la plus autiste, prédatrice et destructrice.
Face à cela, l'UE laisse faire, temporise, méprise, oublie, légitime avant tout.
Depuis plus d'une décennie elle nous ressert de grandes lampées du mensonge sur la main invisible des marchés dont la nature serait apte à favoriser l'harmonie des agents économiques, compris comme vous et moi êtres de chair aux innombrables désirs, aux remords aigus et aux avenirs incertains. Concurrence, compétitivité formant la double-hélice de cette dynamique censée nous organiser en sociétés prospères, raisonnables et intangibles.
Face à cela chaque jour et toujours dans l'optique de soutenir le cœur du divin marché, l'UE finance – à 1% d'intérêt – les mêmes qui vont aller miser 50 milliards d'euros au CAC, au Nasdaq et au Dow Jones, comme le fit Kerviel, le trader sacrifié de la SG. Sur l'espace de 27 pays, première zone économique de la planète, on permet, on booste, on légitime les marchés financiers, deus ex machina volatils, égocentriques et caractériels. L'enfant-Marché a toujours raison.
Pourtant, d'un point de vue légitimité, l'UE c'est le plus fort taux d'abstention de la planète, ou presque, à l'élection de ses parlementaires.
Ce sont des millions d'euros en communication pour un rejet unanime de ses objectifs ultra-liberaux, de son impuissance, de son hystérie réglementaire, de ses tropismes financiers, de sa dépendance atlantique et de sa dynamique asociale permanente qui la conduit à affamer des pays entiers pour leur bien.
C'est une arme de réglementation massive visant à noyer sous un flot de directives les populations qu'elle prétend informer et conduire.
C'est un consortium de lobbies inédit qui assure la main-mise des intérêts particuliers sur les ressources d'un continent entier.
C'est une structure dont le mode d'organisation et de fonctionnement tient du labyrinthe et de la vierge de fer. Tout corps plongé dans ses replis en ressort déboussolé, ruiné et stigmatisé pour n'avoir pas su être libre homo economicus, comme on l'exigeait de lui.
Bref c'est une organisation qui peut se targuer d'un insuccès si immense qu'il devient une œuvre d'art que même l'ampleur imaginative d'un Kafka n'aurait pu concevoir.
A la clé, une interruption durable de l'avancée des peuples vers une meilleure compréhension d'eux-mêmes et des autres, une guerre économique permanente, un recul des espérances légitimes en l'avenir, et des millions de victimes directes du stress généralisé de voir sa vie s'écrouler, parce que plus de travail, plus de retraite, plus d'entreprise, plus de soins bientôt – en Grèce les hôpitaux manquent déjà de tout.
Si l'on voulait, en désespoir de cause, jouer au portrait chinois pour ne pas céder à la tristesse devant cette tour de Babel contemporaine, on pourrait qualifier l'UE d'arbre mort planté au milieu d'une route qui ne mène nulle part.