Les résultats du Front de gauche aux législatives sont encourageants.

A lire la presse, le Front de gauche fut le grand perdant de ces élections législatives (Le Monde, le Nouvel Observateur), pire, il s'effronfrerait (Les Echos), voire, il serait essoré (France télévision). On le voit, les avis ne font pas dans la nuance et on croit mieux cette espèce de dépression post électorale teintée de pessimisme qui envahit nombre des militants et sympathisants Front de gauche de ma connaissance. D'ailleurs, cet acharnement sur le Front de gauche et sa principale tête de gondole, Jean-Luc Mélenchon est à mettre en lien avec les commentaires pour le moins complaisants, voire élogieux, qui accompagnent la percée plutôt relative du Front National à ces mêmes élections. La presse a choisi son camp, et cela indique clairement qui est le véritable adversaire du système.

A l'évidence, si on en reste à la réalité brute des chiffres, en passant de 19 à 10 députés, il est, de fait, difficile de conclure à un succès du Front de gauche. Sauf qu'en politique, c'est le résultat final qui compte, c'est à dire le nombre d'élus, mais aussi le nombre d'électeurs, leur répartition, et la motivation de ceux-ci. Et là, assurément le tableau est moins noir, pourtant, bien peu de journalistes se sont risqués à pousser l'analyse jusque là. Mais doit on encore parler de journalistes pour qualifier ces sinistres Cassandre ? Alors, soyons présomptueux, et tentons là pour eux.

Des scores en forte hausse : la majorité des candidats Front de gauche étant issus du PCF, c'est donc avec le score de ce parti en 2007 qu'il faut comparer. Or, en 2007, le PCF réalise 4.2 % des voix et 6.9 % pour le Front de gauche en 2012. Il y a donc bel et bien une forte poussée en pourcentages mais aussi en valeur absolue, et ce malgré la forte abstention. Mieux, tous les sortants ont fortement amélioré leur scores précédents. La défaite de beaucoup d'entre eux ne s'explique que par la poussée encore plus forte du parti socialiste, et la volonté affichée de celui-ci (en refusant des accords avec le Front de gauche), de limiter l'importance du Front de gauche à l'Assemblée pour se garantir une majorité absolue à lui seul.

Une disparition quasi-totale de l'extrême-gauche : c'est la confirmation de l'élection présidentielle, en réalisant des scores anecdotiques, le NPA et LO n'existent plus politiquement. En outre, les Verts étant devenus un véritable vassal du PS, le Front de gauche est désormais la seule opposition de gauche au PS. En cas d'échec ou de déception des socialistes, pour les électeurs qui se refusent à voter à droite ou au centre? il n'existe donc plus désormais qu'un seul recours.

Un ancrage sur l'ensemble du territoire qui se confirme : Alors qu'auparavant, le PCF étant inexistant ou presque dans l'est de la France, désormais il réalise des scores stables sur l'ensemble du territoire. Cela prouve qu'il est clairement installé dans les têtes et qu'il est bel et bien identifié comme un recours à gauche du parti socialiste.

Des défis à relever cependant : le nombre amoindri de députés va obliger le Front de gauche à trouver de nouveaux moyens d'expression, mais jusqu'à preuve du contraire, sans députés jusqu'ici, le Front National a bien réussi à prospérer. La difficulté va résider dans la difficulté à expliquer le positionnement du Front de gauche, à la fois dans la majorité et l'opposition. Gageons que le choix de ne pas rentrer au gouvernement, contrairement à 1981 et 1997, va aider à cette compréhension.Enfin, c'est surtout la question de la continuité de l'alliance qui se pose et de la nécessité de lui donner une nouvelle forme ou pas (création d'un vrai parti comme en Allemagne ?). Là aussi, les discussions en cours avec une partie du NPA prouvent une fois de plus que la dynamique est bien réelle.