« Les écritures de la liberté », tel est le titre de l’œuvre du poète Serge Pey consacrée aux grands hommes de la région, œuvre qui sera inaugurée demain au Conseil Régional de Midi-Pyrénées.
Les mots et les dessins s’entrecroisent, les lettres s’égayent dans des espaces symboliques… Ici, on devine les mystères d’un zodiaque, là, c’est comme un jeu de piste, plus loin, c’est un fusil qui surgit et là, une créature mystérieuse tente une évasion…
On pourrait passer des heures à savourer sans s’en lasser les lacis ésotériques de Serge Pey, une œuvre monumentale consacrée aux Grands hommes de la région, et que l’on inaugure demain, dans les nouveaux locaux du conseil régional. L’artiste nous explique…
Qu’avez-vous exprimé ?
C’est une œuvre de poète : la poésie est dans la subversion des frontières de l’art. Elle fait exploser les frontières du sens. L’art est une condition de la démocratie : l’écriture, la pensée ont toujours été des courages face à la doxa, aux idées reçues. C’est ce que j’ai voulu transmettre aux jeunes générations, à travers un hommage à tous ceux qui ont traversé l’histoire de la littérature en Midi-Pyrénées.
Quels sont les personnages que vous évoquez dans votre œuvre ?
D’abord Jaurès ! Je me sens très proche de lui, même si moi je suis un libertaire. Jaurès était bien sûr un homme politique, mais surtout un philosophe, et il est injuste qu’il ne soit pas enseigné à la faculté de Toulouse ! Je le représente en train de haranguer les ouvriers, avec un casque de mineur par-dessus…
J’ai voulu faire figurer aussi un curé, le cardinal Saliège, qui pendant l’Occupation a pris une position déterminante et chrétienne : le panneau le montre avec des Christ qui escaladent les barbelés des camps de concentration !
À ce propos vous évoquez le camp du Récébédou ?
J’aimerais, moi qui suis fils de réfugié espagnol, que les enfants des écoles sachent cela : les réfugiés espagnols du camp du Récébédou, à côté de Toulouse, ont été envoyés à Matahausen… Mais ceux qui sont revenus, quand ils sont revenus, ne savaient pas où aller. Ils sont retournés… au Récébédou ! Et par ironie l’ont surnommé : « La Villa Don Quichotte » ! J’évoque aussi la Résistance, Jean-Pierre Vernant, André Malraux, incarcéré à Toulouse.
Les femmes ont beaucoup d’importance dans cette fresque…
Oui, on trouve Federica Montseny, la première femme ministre catalane, militante anarchiste, Olympe de Gouges, née à Montauban, que j’ai représentée dans une constellation, et chaque étoile de cette constellation est devenue celle d’une militante de l’émancipation de la femme… Et puis, Esclarmonde de Foix brûlée vive à Montségur, et que je dessine assise sur l’Inquisiteur… saint Dominique !
Vous avez réalisé l’œuvre que vous vouliez réaliser ?
Martin Malvy m’a laissé une totale liberté. J’ai travaillé dessus pendant une année et demie et j’ai soigné le moindre détail. Mais je suis très heureux, parce que dans l’histoire des commandes de la République, c’est la première œuvre engagée !
Dominique Delpiroux
L’œuvre sera inaugurée demain jeudi à 14 h 30, dans le nouveau bâtiment./Photo DDM, Xavier de Fenoyl