Ce film, divisé en quatre parties, fait partie de la "Trilogie allemande" de Syberberg dans laquelle il présente l'évolution de l'histoire des idées en Allemagne à travers des figures historiques.
"Hitler, un film d-Allemagne " de Hans-Jürgen Syberberg
Avec : Harry Baer, André Heller, Peter Kern Sortie le 25 juin 2012 Distribué par Filmgalerie Durée : 442 minutes Nombre de : 2 Film classé : 12 ans et plus Le film : Les bonus : |
1ère partie : Le Graal 96’
2ème partie : Un rêve allemand 132’
3ème partie : La Fin du conte d’hiver 97’
4ème partie : Nous, les enfants de l’Enfer 105’
Loin du schéma traditionnel du film commercial, Syberberg développe ici une oeuvre d’art totale qui dure 7 heures. Elle a été tournée en studio en trois semaines : la théâtralisation de la mise en scène y est patente. Aux acteurs de la fiction, se mêlent des marionnettes, des diapositives et quelques images d’archives.
L’image très sombre, accompagne le destin crépusculaire de l’homme qui tient une fois de plus la vedette, Hitler. De la part de Hans-Jurgen Syberberg , il n’y a bien évidemment aucune complaisance dans sa démarche analytique et militante, qui à mon avis, tient beaucoup plus de l’exorcisme.
Les allemands, quoi qu’ils en disent, n’en finissent pas de retourner « leur » problème dans tous les sens, avec cette propension désormais à l’oublier, ou à le banaliser. C’est pourquoi le cinéaste plonge ici au tréfonds de l’âme allemande, expose et démonte la « machine de guerre » Hitler et insiste sur sa présence refoulée dans l’Allemagne des années 70.
C’est parfois assez ardu, voire hermétique, dans la conception même de ce spectacle en représentation. Il est question d’instruire le procès du dictateur, en sollicitant l’avis du spectateur auquel on confie « les règles du jeu ». J’avoue avoir été surpris, et décontenancé par l’approche très intello du sujet. Mais une fois les codes retenus et acceptés, je me suis promené avec curiosité dans ce théâtre de fantoches, dirigé par le diable en personne, et un renard, et une hyène.
Goebbels, Himmler, Goering, ils sont tous là autour de leur créature qui non sans cynisme rappelle qu’elle est le fruit de lois auxquelles elle n’a fait qu’obéir.
Du pouvoir à la dictature, de la guerre à l’extermination, avant la chute finale, le film constitue ainsi le véritable puzzle de la vie d’un homme que le cinéaste prend au sérieux « pour comprendre la force de séduction des mondes imaginaires qu’il inventa et sur lesquels se cristallisèrent les aspirations de millions de compatriotes. »
La bande-son participe aussi beaucoup à l’édification d’un tel long-métrage : traversée par les extraits de Wagner, elle donne à entendre toute l’esthétisation sonore de la politique nazie, avec un montage d’enregistrements d’actualités, de discours d’Hitler, Himmler ou Goebbels, de cris de foule, de chants militaires…
- Le supplément
C’est un livre dans lequel des auteurs aussi différents que Coppola, Moravia et Douglas Sirk, parlent de ce film.
J’ai particulièrement apprécié le texte de Serge Daney qui fait référence aux mots hitlériens, qui une fois leur géniteur déchu, ont du mal à tenir la distance des ans.
Et celui de Pierre Gras, écrit l’an passé « Deuil impossible, combat nécessaire » dans lequel il décrypte parfaitement les tenants et les aboutissants d’un tel film, avec en prime un regard pertinent sur le cinéma conformiste et dangereux « où Hitler et les nazis apparaissent dans des fictions consolantes ».
64 pages.
Prix public conseillé 50,00 €
En bref
Le film
Ce n’est pas un film facile. Mais si vous aimez l’Histoire, et le cinéma, il constitue une pièce indispensable. Il suffit de l’aborder posément, en prenant votre temps. Dvd, après dvd…
Les bonus
Et si l’ensemble vous paraît un peu ardu, ne ratez pas le bouquin : plusieurs éclairages sur le film, et des réflexions pertinentes sur la nécessité de se tenir toujours en éveil.