“Enroulé dans une volumineuse couverture blanche et partiellement enfoncé dans l’un des berceaux, un homme âgé de quelques 70 ans se tenait assis.”
Benjamin Button est un bébé qui pose problème à ses parents dès sa naissance, mais ce n’est assurément pas à cause de ses pleurs incessants ou des nuits veillées… A sa naissance il mesure 1m75 (la pauvre mère !), maîtrise parfaitement le langage et déconcerte totalement son père, qui pourtant reste inflexible. Benjamin est un nouveau né, il doit se conformer aux moeurs des bébés ! Les biberons doivent donc cohabiter avec les cannes…
Plutôt que de s’accrocher aux jupons de sa mère, Benjamin trouve en son grand-père, un compagnon et ils entretiennent tous les deux une relation amicale plutôt que filiale…
Le thème de la confusion des générations est omniprésent dès les 12 ans du personnage d’abord avec le personnage du grand-père, du fils et enfin du petit fils. En effet, un étrange phénomène de rajeunissement se produit et est qualifié de “décroissance régulière“. Plus les jours et les semaines défilent, plus Benjamin rajeunit. Fitzgerald s’amuse donc dans son texte à prendre la fuite du temps, thème lyrique par excellence, à rebours et ancre sa nouvelle dans le fantastique.
Mais, l’histoire est loin d’être seulement comique. Elle est plutôt dramatique. Après avoir connu l’amour et avoir vécu passionnément en connaissant les “plaisirs de l’existence”, un abîme se creuse entre Benjamin et son épouse. Ils ne partagent plus les mêmes centres d’intérêt et leur histoire devient caduque dès que leur propre fils dépasse la taille du père, rapetissant toujours un peu plus. L’absurdité de la situation fait place aux humiliations à la fac notamment où le rejet d’autrui, à cause de sa différence, est souvent mis en lumière.
La nouvelle qui suit ce texte dans l’édition Folio est “La lie du bonheur“. Elle relate l’extrême dévouement et l’abnégation d’une épouse pour son mari atteint d’une maladie incurable ainsi que la difficulté à surmonter un deuil. C’est également un texte que j’ai beaucoup aimé.
Des textes certes courts, mais riches de sens !
Francis Scott FITZGERALD, L’Etrange histoire de Benjamin Button