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Folles noces au Théâtre 14

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Folles noces au Théâtre 14Considérez vous comme invité à ce mariage qui est conçu comme une vraie revue. Vous aurez droit d'abord à la partie "classique" de la cérémonie avec l'arrivée des mariés à l'église et en fanfare. Catherine (Delourtet) s'offusque de trainer des casseroles. L'eau commence illico à bouillonner dans le gaz entre les tourtereaux. Jean-Paul (Delvor) est sommé de ne plus faire aucune allusion désobligeante à l'égard de sa belle-famille. La jeune femme n'a plus de voix, plus de traine, se sent "toute nue" mais sourit encore parce qu'on la regarde.
Ils nous prennent à témoins de leurs épousailles, unis qu'ils sont par l'amour et surtout par les planches. La situation est prétexte à enchainer les tubes, que l'on fredonne bouche fermée comme l'Avventura de Stone et Charden. C'est aussi l'occasion de découvrir des chansons moins connues comme Kaoutchouski de Georgius, l'histoire d'un cosaque "grand comme ça" qui aimait la belle Petrouchka. On croirait les paroles récrites sous forme parodique mais non ... preuve s'il en faut encore que la réalité dépasse la fiction.
Ils se disputent à propos du menu. C'est classique. Ils évoluent au ralenti comme s'ils étaient filmé par la caméra de Claude Lelouch, exécutent un medley et des pas de danses insensés. Le public souffle les répliques. Elle demande à son chéri s'il aime son ventre, son dos, ses fesses, évoquant la BB du Mépris de Godard avant de se lancer dans une réinterprétation assez ébouriffante de Toi toi mon toit d'Elli Medeiros.Folles noces au Théâtre 14Dans une seconde partie ils font surgir des couples célèbres avec humour et intelligence, réaménageant parfois l'histoire et jouant délicieusement avec les accents. Mona Lisa et Vinci sont égratignés, mais si peu ... Ils se donnent pleinement et la salle est véritablement épatée par leur performance. Catherine et Jean-Paul prétendent qu'ils s'amusent tellement sur scène qu'il ne sentent pas la fatigue. L'interactivité avec le public nous porte, disent-ils avec fair play. Il faut d'ailleurs voir les demandes d'autographe à la sortie !
Ils aimeraient poursuivre dans une autre salle parisienne. Et ce ne serait que justice. Ils conjuguent les talents de comédiens, de chanteurs, et de danseurs. Ce sont des interprètes qui ont le goût du texte. Aucune chanson n'est là pour faire joli, mais parce qu'elle a du sens, quitte à ce que celui-ci soit de l'ordre de la ponctuation. Il faut à cet égard souligner l'accompagnement aux claviers et à la guitare par Thomas Ribes.Folles noces au Théâtre 14C'est la première création de ce couple qui se connait depuis une vingtaine d'années. Ils ont beaucoup joué ensemble, des classiques, du boulevard ... et c'était plus fort qu'eux, il fallait qu'ils fassent des sketchs et poussent la chansonnette en seconde partie de soirée pour les copains et les techniciens se trouvant là. Il était temps qu'ils se lancent en duo et on souhaite longue et heureuse vie à cette aventure qui a commencé fin 2009. Leur numéro est parfaitement rodé mais les artistes tiennent à conserver une petite part d'improvisation, histoire de pimenter chaque soirée. On devine qu'une suite est déjà en préparation. Ce sera un joyeux événement, à n'en pas douter.
Profitez du mauvais temps qui s'annonce pour courir voir ces Noces. Vous en ressortirez aussi ragaillardi qu'il y a quelques mois après Padam Padam ou encore Une étoile et moi, deux spectacles d'Isabelle Georges avec lesquels je trouve une sorte de cousinage.
Jusqu'au 7 juillet 2012 au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau, 20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris, mardi, vendredi et samedi à 20 H 30, mercredi et jeudi à 19 h, matinée supplémentaire à 16 heures le samedi, 01 45 45 49 77 ou [email protected]
En bonus pour les spectateurs qui voudraient connaitre les paroles d'une chanson incroyablement difficile à mémoriser, voici le Cresoxipropanediol en capsule chanté par Ginette Garcin en 1966, et dont on doit les paroles à Jean Yanne :
Souvent lorsque ça va mal
Quand je n'ai pas le moral
Quand je sens mes nerfs qui craquent
Ou lorsque je suis patraque
Pour me mettre dans le bain
Je connais un bon moyen
Dans un verre d'eau sucrée
Je prends pour me remonter
[refrain :]
Du trisilicate anhydrique de magnésium
Du quadrisulfogaiacolate de potassium
Du glycérohydrato monoamoniacal
Du bichlorhydrate milenicophysidal
De l'orthodioxybenzenotocophérol
Du cresoxipropanediol, en ampoule
De l'aminophénisulfonacophétamide
De l'hexachlorocyclohexanysculoside
De l'acitalmine isopropyl orbiturique
De l'etabenzyl amoniocodiphosphorique
De l'acetylameniphenylarcinazole
Du cresoxipropanediol, en capsule
Rien ne vaut je le proclame
Les vieux remèdes de bonne femme
Mon grand-père d'un geste fier
En sortait de sa tabatière
Papa qui était estafette
En avait dans sa musette
Et quand j'ai passé mon bac
Je trimbalais dans mon sac
[refrain]
Et si vraiment ça ne va pas mieux, pas mieux, pas mieux
Je prends deux ou trois aspiri-hi-hi-iiiiiines
Et un sucre

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