Saison 4 // 550 000 tlsp. en moyenne
Cette année, Jackie Peyton n'a pas seulement laissé pousser ses cheveux -ce qui va bien mieux à Edie Falco entre nous soit dit- elle a aussi... évolué, changé... Oui, enfin ! Après une première bonne saison, une saison 2 décevante et une saison 3 catastrophique (j'en témoigne vigoureusement ICI), la dramédie de Showtime qui a tué United States Of Tara -je ne lui pardonnerai jamais- a enfin accepté de raconter autre chose sur son héroïne que ses habituelles jérémiades stériles et ses coups fourrés. Résultat : on s'ennuie beaucoup moins et on apprend à redécouvrir cette femme, toujours détestable par certains aspects mais nettement plus attachante au bout du compte. Tout est partie d'une prise de conscience, liée au choc de sa rupture avec Kevin qui a inévitablement conduit à des changements radicaux dans sa vie de mère, d'infirmière, de femme et d'addict. Le passage en rehab, bien que trop court à mon goût -ils auraient au moins pu y consacrer trois bons épisodes, depuis le temps que l'on attend ça- l'a libérée en partie de ses démons. Elle ne se drogue plus. Et, étonnamment, alors que la tentation a dû être aussi grande pour les scénaristes que pour le personnage, elle ne rechute pas une seule fois. Le cliffhanger de fin de saison pourrait tout à fait remettre cela en cause mais on n'en est pas là... La Jackie sobre est touchante car on saisit avec plus de clarté pourquoi elle est tombée dans cet enfer en premier lieu et pourquoi elle a si longtemps refusé de s'en sortir, au-delà du phénomène incontrôlable de l'addiction : parce que quand elle plane, elle ne ressent plus toutes ces émotions qui l'envahissent. Elle ne pleure plus. Et Jackie est une hypersensible qui n'a pas du tout confiance en elle et qui ne croit pas pouvoir se contrôler par elle-même. Elle (se) prouve pourtant tout au long de la saison 4, et malgré les tempêtes -le divorce, la pression à l'hôpital- qu'elle en est capable. La constante, quel que soit son état, c'est qu'elle est une bonne infirmière, excellente même. Un exemple pour tous ses collègues. Cela dit, ce n'est encore pas cette saison que les cas médicaux auront été marquants ou même intéressants. De mémoire, il n'y en a eu qu'un qui m'a plu, celui de la femme que tout le monde croit enceinte alors qu'elle ne l'est pas du tout, incarnée par Rosie Perez. Elle a apporté des dialogues intelligents et beaucoup d'humour le peu de temps qu'elle a passé dans les locaux du All Saints Hospital.
Le lien qui s'est créé entre Jackie et l'ado Charlie, rencontré en cure, lui aussi touché par le même mal, a été assez bien exploité et c'était une excellente idée que d'en faire le fils du Dr Cruz, le nouveau boss de Jackie, donc son nouvel ennemi. Il n'aurait pas été inintéressant de nous expliquer plus en profondeur le comportement totalement désinvolte de celui-ci à l'égard de son fils, mais c'est peut-être quelque chose qui viendra suite à sa mort tragique. Cela dit, après tout ce qu'il a fait subir au personnel de l'hôpital et les humiliations qu'ils lui ont réservé en retour, je ne suis pas certain que ce serait très logique de le faire rester à son poste. Gloria était bien meilleure ! C'était d'ailleurs marrant de la voir redevenir une "simple" nurse mais elle m'a quand même moins fait rire que d'habitude et ça vaut, de toute façon, pour tous les personnages secondaires. J'ai l'impression que les auteurs n'arrivent pas à soigner et Jackie et sa troupe en même temps. C'est soit l'un soit l'autre. Cette année, c'était clairement elle. Zoey reste l'atout comique le plus efficace et on ne se lasse pas une seule seconde de ses excentricités. Sa colocation avec Jackie et ses filles était une brillante idée, parfaitement exploitée ! Sa relation amoureuse avec l'ambulancier a en revanche été traitée par-dessus la jambe. Je crois que personne n'a vraiment compris les raisons de leur séparation. Ce qui a super bien marché aussi, c'est le trio Jackie/O'Hara/Zoey. Par contre, j'ai été très déçu pour tous les autres : je ne parle pas de Thor ou de Sam, qui n'ont jamais servi à rien mais qui ont peut-être été encore plus inutiles lors de cette nouvelle salve, mais plutôt de O'Hara, à qui la grossesse n'a vraiment pas réussi comiquement parlant, du Dr Cooper, encore drôle de temps à autres mais beaucoup moins souvent, d'Eddie, plus absent qu'autre chose, de même que Kevin, dont on a beaucoup entendu parler mais que l'on a peu vu, ce qui n'était pas si dérangeant que ça en soit, certes. Même la petite Grace n'a pas bénéficié de beaucoup de temps d'antenne mais, dans le dernier épisode, elle m'a ému. Ce sentiment de liberté retrouvé, partagé par la mère et la fille, était ennivrant. Le plus beau moment de la saison sans doute. Le plan sur le toit de l'hôpital à la toute fin, avec ce dessin géant de Jackie imaginé par "Jesus", avait une belle et forte symbolique. C'était d'ailleurs beaucoup plus convaincant que le parallèle hyper convenu naissance/mort, bien que l'émotion était présente là aussi.
// Bilan // J'avais bien failli ne pas me pencher sur la saison 4 de Nurse Jackie, encore dégoûté par la médiocrité de la précédente, mais j'ai finalement craqué et je ne le regrette pas : sans être exceptionnelle, loin s'en faut, elle a au moins permis de faire évoluer son héroïne et l'amener là où nous ne l'avions encore jamais vue. Une belle opportunité pour Edie Falco de changer un peu de registre et elle l'a pleinement saisie ! Malheureusement, tout cela s'est fait au détriment des autres personnages, condamnés à ne jamais vraiment sortir de l'ombre et à n'être que des accessoires comiques, souvent cassés. Avec le départ des deux créatrices et showrunners de la série, remplacées par un ancien de Dexter, la série va subir de nouveaux changements en saison 5. Fallait-il vraiment la renouveler ? J'ai comme un doute...