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Migrations estivales

Publié le 22 juin 2012 par Corboland78

Le temps des grandes migrations estivales va bientôt débuter, les routes et autoroutes vont être envahies de véhicules roulant plein pot vers des destinations diverses mais ensoleillées, du moins est-ce l’espoir de leurs occupants.

Epoque où la voiture fait sa vedette, objet principal de l’attention de son propriétaire, car la route sera longue. Une vérification technique s’impose, la pression des pneumatiques est contrôlée, un lavage et un coup d’aspirateur pour lui redonner bonne mine, le tacot est bichonné comme jamais peut-être le reste de l’année. Toutes ces précautions sont utiles car vous le savez, les heures vont être aussi longues que pénibles avant de rejoindre votre lieu de villégiature.

Cette année particulièrement puisque la mère de votre femme vous accompagnera. Depuis le décès de son mari elle a pris un coup de vieux et vous avez accepté, contraint et forcé, à la demande de votre épouse, de l’emmener avec vous pour lui changer les idées. « Belle mère à l'arrière, voyage en enfer » dit le proverbe que vous ressassez en silence tout en chargeant le coffre avec les bagages.

Tout étant bien casé et calé, ne reste plus qu’à embarquer les passagers. L’avantage – car il y en a un quand même – d’avoir une belle-mère dans la voiture, c’est qu’elle sera chargée d’occuper les gamins durant le voyage. C’est le prix du billet. Quoi de plus pénible que d’entendre les gosses chouiner sans arrêt, « Quand est-ce qu’on arrive ? », « J’ai envie de pipi » etc. à la longue ça crée des tensions et qui dit tensions dit accident. Pourtant les statistiques sont claires, ce ne sont pas les enfants sur la banquette arrière qui font les accidents mais bien les accidents sur la banquette arrière qui font des enfants.

Toujours est-il qu’à un moment ou un autre, il faut s’arrêter pour faire le plein d’essence et se dégourdir les jambes. Les stations service des autoroutes sont devenues de petits territoires autonomes où s’agglutinent les automobilistes comme les canards migrateurs autour des points d’eau rencontrés sur leurs routes. Le réservoir rempli, il faut penser à se réhydrater, et comme il ne faut pas boire au volant, il faut boire à la bouteille.

Les aires de repos sont un microcosme où la nature humaine s’expose dans son plus simple appareil. Chaque famille reste groupée – ce n’est pas le moment d’égarer un gamin, on aura tout le temps de le faire quand on sera sur la plage. Les rituels alimentaires ou familiaux sont reconstitués dans la mesure du possible, mais sans la protection visuelle des quatre murs du logement, ce qui expose chacun à la vue de tous. Souvent ce voyeurisme n’offre aucun intérêt, il est même assez révulsif mais l’effet de masse n’échappant pas à la règle des probabilités, l’observateur attentif y trouvera matière à réflexion ou amusement. Par exemple, si un homme ouvre la portière de sa voiture à sa femme, c'est que l'une des deux est neuve. Constatation de sociologue amateur, sans plus.

Mais le temps passe vite, il faut reprendre le volant, vous avez du retard sur vos temps de passage, si vous vous fiez à vos prévisions. Le pied se fait plus lourd sur l’accélérateur mais les hommes en bleu veillent au grain avec discernement, la gendarmerie sait qu’il ne faut pas avoir peur des chevaux sous le capot mais de l'âne derrière le volant. 

Si tout va bien vous arriverez en fin de journée au Camping des Flots Bleus, juste à temps pour l’apéro, sans même un remerciement pour votre bagnole qui a fait tout le boulot.


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