La superbe revue Passage d’encres consacre son 44e numéro (octobre 2011) à la littérature scandinave. Piet Lincken est à la fois l’artiste invité et le coordonnateur de ce numéro. Belge d’origine franco-suédoise, né à Caen en 1969, poète, dramaturge, nouvelliste, compositeur, musicien, plasticien, traducteur de la littérature de langue suédoise et norvégienne, Lincken mène un travail protéiforme et nous livre ici des photos, des peintures, des poèmes et un monologue théâtral. Au seuil de ce panorama nordique, il s’interroge sur la spécificité de cette littérature qui n’a pas d’unité géographique ni linguistique, composée de langues si différentes, et voit la caractéristique de la Scandinavie dans la « relation à l’espace, un espace de nature, une relation à la nature, et donc une relation de Soi, solitaire, à l’environnement, et par extension du Je au Ils, du Moi à la société. » L’anthologie, entrecoupée d’entretiens et d’études, propose des textes en version souvent bilingue de Tomas Tranströmer (prix Nobel), Tone Aanderaa, Le Näck, Selma Lagerlöf, Lucien Nosloj, Lina Ekdahl. Dans un entretien avec Anny Romand, Gao Xingjian, prix Nobel de littérature, très attiré par la littérature nordique, voit une grande proximité entre son œuvre picturale et les paysages suédois : « Les photos que j’ai faites en Suède sont assez proches de mes tableaux. Cette grisaille, la neige, le ciel gris, le blanc tout autour. Et pas beaucoup de monde… » Il déplore dans notre monde contemporain l’invasion du bruit, de l’excès d’informations qui nous empêche de penser. « Le dialogue de la nature et de la solitude est indispensable dans la vie humaine. »
Enrichie de reproductions d’œuvres, la revue, dirigée par Christiane Tricoit, connaît aujourd’hui un prolongement sur internet, avec le site INKS.
Passage d’encres, 16 rue de Paris, 93230 Romainville.22 €.
www.inks-passagedencres.fr