Tu rentres de l’école, tu te rends au Leclerc ou dans ton club de cricket et une fois de plus, tu dois prendre ton tram préféré ou ton autocar si tu sens le fromage. Aujourd’hui comme il fait très chaud, le bus est bondé d’une chiée de vainqueurs : Le conducteur, ancien champion de France de pétanque, la mamie bien assise et accrochée au siège comme si sa vie en dépendait. Le mec qui dégouline et qui en rajoute une couche en se tenant bras en l’air, aisselles en open bar. Les 3 caïds du fond, la mère poussette qui prend toute la place… et le type qui connait tous les chauffeurs (et voyage gratis en toute discrétion, salaud!). Tu dois apprendre à te faire discret.
- Enfonce-toi dans un bunker musical, mais n’écoute ni Francis Cabrel ni Garou comme à ton habitude. Des jeunes pourraient l’entendre et te dévisager jusqu’à ce que tu t’écroules tel la crotte au fond du cabinet (plouf). Toi, tu as simplement des sentiments. Quel monde injuste, vivement que tu descendes. Tu n’aimes pas te mélanger à la crasse sociale.
- Appel entrant de ‘Maman’. Comme tu le sais elle a tendance à crier au téléphone, pensant que plus elle est loin de toi, plus il faut parler fort. Reste à couvert, ne décroche pas. Les autres n’ont pas besoin de savoir qu’elle t’a acheté des caleçons au Norma.
- Tu discutes. Il va falloir baisser d’un ton et adopter le langage discret des signes : doigt d’honneur, west coast, hochements de tête, yeux au ciel, pouce vert et mimes en tout genre.
- Bear Grylls a une fois raconté qu’un soldat slovène est parti un jour en mission dans un car. Il devait se rendre dans un camp militaire au sud de son pays. Mais il a osé croiser le regard d’un officier. On l’a retrouvé mort, cul tendu dans une ruelle sombre. Les codes delarue sont quelques fois difficiles à assimiler alors privilégie la fenêtre ou le GSM. Ne croise aucun regard.
- Le gaz à effet de serre. Ne pars surtout pas, on te capterait directement. Campe sur tes positions, et accuse du regard la petite vieille. Ne rougis pas, reste humble.
- Bien évidemment il n’y a plus de place disponible. Tu vas devoir rester debout et affronter les humeurs du chauffeur ambulant dans son Paris-Dakar. Accroche-toi, reste tranquille, les jambes écartées, trouve ton centre de gravité. Tente de prévoir les freinages.
- Tu descends au prochain arrêt. Savais-tu que tu pouvais te lever une fois le bus à l’arrêt sans que la porte ne se referme entre-temps ? Prends le risque, tu verras. Ne t’inquiète surtout pas, tu auras le temps de rejoindre la sortie.
- Pour surmonter ta phobie du bouton ‘ouvrir la porte’ qui n’ouvre pas la porte : Élis quartier général à proximité du bouton rouge ‘arrêt demandé’ et ne le quitte jamais des yeux. Même si quelqu’un l’a déjà pressé, il vaut mieux deux fois qu’une.
- Tu as fait l’erreur de t’asseoir et malheureusement à côté de toi est venu s’installer Carlos ou Jeanne d’arc (toujours pas morte apparemment). Il dégouline sur toi ou elle te loue ses poux. Reste de marbre. Descends au prochain arrêt. Il vaut mieux prendre le prochain que de choper la gangrène.
- Ne t’aventure pas à l’arrière du bus, ça éviterait le sentiment ‘un indien dans la ville’. On ne mélange pas les caïds aux abrutis dans ton genre. En plus le pouce indien tu ne sais pas le faire.
Voilà t’es un vrai voyageur. Le bus, ne te fait pas peur. Représente le 16, direction ghetto. T’es dans la place et tu payes ton ticket bandit.
Peppy.